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Sud, rhum et grog avec une touche de colonialisme en sueur

Publié le 12 juillet 2010 par Orlandoderudder

Allergène.

Bien sûr, certains me disent encore qu'il n'y a guère de sud en Europe et que c'est de la rigolade! L'Afrique ou l'Amérique donnent des suds plus pertinents, certes que, même, l'Andalousie. Bof. N'empêche qu'il fait chaud. Même dans le Nord. Et mon métissage s'en amuse. En même temps c'est l'époque des rhumes.Pas seulement des foins. La nature est allergène, mais à d'autres tours dans son sac.

Jalousies.

Des rhumes? Oui, quand on est du sud. Quand on a clos les jalousies ou tout ce qui ressemble à un volet. Quand on a mouillé les voilages quand la belle esclave mauresque au poitrail nu agite des palmes en un rythme harmonieux, lourd, lent, rafraîchissant, tandis qu'elle ondule des seins le ventilateur tournoie derrière un bloc de glace. On est là, dans une fraicheur délicieuse mais en ressentant, d'une façon contemporaine, la chaleur qui cogne. En même temps. Chaud et froid. On boit des litres de gaspacho ou d'elben, on se prélasse.

Temps.

Parfois on se lève, pour aller voir dehors. On se sent comme un  pain que 'lon enfourne. Si c'est le sud impitoyble et qu'on marche un peu, la gorge brûle et l'on peut saigner du nez: c'est une expérience du désert et ça peut rendre mystique. Si l'on marche trop, trop loin et sans eau, on meurt d'insolation avec les yeux blancs, billes de marbre, le regard vide pareil aux statues. Mais il faut dépasser les 30°. et de loin! 30°! De la rigolade, rimant avec limonade: le temps ne s'alcoolise pas autant qu'un apéritif sérieux! Le temps n'est pas d'ici: qu'on le sache! Il vient d'ailleurs, sale étranger! Quelle langue parle t-il? On n'en sait rien vu qu'il se tait en tabassant l'air sans pitié.

Dormir?

Après être sorti, donc, on est en sueur, tout vernis, dégoulinant plombière délaissée... On rentre retrouver la fraîcheur. Et c'est là que le rhume vient: chaud et froid. On frissonne. On a le vertige. On voit bizarre. Shimmy! On se recouche. On rissole sur le lit avec la belle esclave mauresque et la sueur en choeur devient le bain lustral de lenteurs très  cochonnes On dort peut-être ou pas.

Tourisme.

Et puis, le soir ou le matin suivant, on a un peu mal à la gorge.On adoucit d'abord à l'orchata de chufa, pour voir. Macache et v'lan: rhume! Aussi dégoulinera t-on du nez, en plus de partout ailleurs. Dans le vrai Sud, on combat la chaleur. L'aimer comme à la mode, ça fait touriste. Encore que les vrais de vrais venaient jadis à Nice en hiver. Saison des oranges et des bains toniques autant que frisquets. A Nice ou plus loin, comme Gide à Blidah, parmi les orangers, devancé par un jeune homme bien fait.

Rose de Lima.

Parfois, on se dit que le sud, décidément, est condamné à l'oppression;qu'il est le lieu privilégié d'une consommation des êtres. Soit par le cul, soit par Dieu. Les mystiques du sud ne sont  pourtant pas plus enflammés qu'Hadjewich d'Anvers. Sainte Rose de Lima, patronne des Amériques n'en diffère pas tant. Il s'git d'autre chose.Oui: le mysticisme demeure un cache-misère. Plus le chant et beau, plus sublime est la prière, plus moche est le réel! Sainte thérèse d'Avila vivait en pleine époque de massacres et de haine. Pareille pour François d'Assise.

Pauvres!

Mais si le sud est devenu la proie des riches, c'est aussi qu'ils aiment la misère des autres et que tout est moins cher: les oranges comme les garçonnets tandis que les jeunes putes sont plus légères qu'un traveler's chèque. Et puis c'est si  bon de photographer des pauvres au regard digne et aux flancs émaciés. Comme ils sont beaux! Ah! les belles femmes au regard dur, hiératiques et sévères! C'est pas comme nos clochards qui puent!

Tétons.

Avec ce con de rhume, il est nécessaire d'avoir un bon mouchoir.  Moi je les aime en coton. On flanque sa morve dans le travail des pauvres, courbés sous le soleil et qui forment des balles de coton en ne chantant même plus les work songs d'autrefois. Ceux qui le font encore sont partis à la ville, enregistrent des disques et se font un peu de pognon. Et puis, tandis que les tétons de la belle esclave mauresques forment des 8 en cadence dans l'air qu'elle rafraîchit,  on s'allonge derechef!

Cigare.

Quand on est revenu sur la couche torride, il est doux de fumer un bon cigare venu de terres cubaines, terre bien nourries du sang des pauvres courbés. Il y a dans le sud un esprit colonial qui demeure malgré tout!  Mais il y a aussi de vieux rhums admirables, des Antilles ou d'ailleurs, vieillis et concentrés dans des fûts sentant bon. Ils soignent fort bien le rhume sans besoin d'être grogs! Et la vie continue tandis que le soleil se prend avec ardeur pour un marteau de forge.

Envoi: Viva Zapatta.


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