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Saturer le monde

Publié le 12 juillet 2010 par Gregory71

Il s’agit d’ajouter quelque chose, une mémoire inscrite sur un support matériel, dans le monde. Cette inscription ne devrait pas avoir lieu. Elle ne répond pas à une fonction préétablie, à un langage prédéterminé, à une demande, à un besoin. Elle peut ne pas exprimer quelque chose de personnel, mais elle est rattachée quant aux conditions de sa genèse à une existence particulière. Si cette dernière n’était pas, l’inscription n’aurait pas lieu. Il peut bien sûr exister une communauté historique, un style, un air du temps, mais il faut toujours revenir à l’objet déterminé dans son inscription même.

Cette activité consiste à ajouter quelque chose au monde qui n’est ni désiré ni attendu, et c’est pourquoi, comme le remarquait Deleuze, quand cela n’a pas lieu, cela ne manque à personne, cela ne fait pas l’objet d’un défaut identifiable. Cet ajout dans le monde, au monde, vers le monde amène ce dernier à un état de saturation. Il s’agit de saturer le monde, soit par ajout soit par soustraction. Puisque le réel n’est pas, les artefacts artistiques ne consistent pas seulement en eux-mêmes, mais sont toujours portés à leur limite, vers quelque chose qu’ils ne contiennent pas. Ils supposent, comme artefacts, une distance, une réflexivité, un dédoublement impaire, entre intention et réception, et ils permettent donc d’avoir affaire à un monde en état de saturation consistant que l’observateur peut poser, reposer, penser, repenser, bref dont il peut faire un objet de mémoire.


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