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Le Gang des Potiches

Par Gjouin @GilbertJouin
Le Gang des Potiches
Théâtre du Petit Gymnase
38, boulevard Bonne Nouvelle
75010 Paris
Tel : 01 42 46 79 79
Métro : Bonne Nouvelle
Une comédie de Karine Dubernet
Mise en scène par Alain Cerrer
Avec Constance Carrelet (Edith), Karine Dubernet (Nina), Ingrid Mareski (Janis)
Ma note : 6/10
L’histoire : Janis et Nina, colocataires et amies depuis bientôt dix ans, voient leur duo de looseuses perturbé par l’irruption d’Edith, la sœur de Nina. Leurs petites vies minables auraient pu continuer longtemps ainsi, mais le sort va s’acharner sur nos trois anti-héroïnes et les entraîner dans un tourbillon de catastrophes. C’est ainsi que va naître, contraint et forcé, le Gang des Potiches…
Mon avis : Si vous voulez voir deux pièces pour le prix d’une, il n’y a pas à hésiter, allez au Petit Gymnase découvrir Le Gang des Potiches. Je m’explique…
D’abord le titre est excellent et les deux tiers des comédiennes sont en tout point remarquables. Les premières images sont très agréables en ce sens où nous assistons à une chorégraphie des plus lascives exécutée par une apprentie effeuilleuse sous le regard critique de sa copine. Ce spectacle met évidemment la gent masculine dans les meilleures dispositions d’esprit… Et puis on rentre dans le vif du sujet histoire de faire connaissance avec les deux demoiselles, Janis, la go-go danseuse, et sa colocataire Nina. Nina est un personnage pittoresque, l’antithèse de sa copine. Elle est beaucoup moins sexy, mal dans sa peau parce que lucide, elle nourrit des doutes sérieux quant à la fidélité de la jeune femme dont elle est amoureuse, elle est criblée de dettes… Devant tant d’éléments négatifs dont certains sont irréversibles, elle plonge dans une mini-déprime et se réfugie dans une boulimie autodestructrice. Elle a cependant de bons côtés : elle est redoutablement intelligente, elle a bon fond et elle possède un sens de l’humour ravageur… Janis, ah Janis !... Elle est aussi naïve et gaffeuse qu’elle est jolie à regarder ; c’est dire. Elle assume totalement son cœur d’artichaut, elle est très sympa, d’humeur égale, elle ne se pose pas de problèmes, bref, c’est une vraie brave fille. Nos deux copines sont tellement différentes qu’elles s’entendent à merveille. Seulement, cette belle harmonie va être bouleversée par l’irruption dans leur petite existence médiocre de la sœur de Nina, Edith, irresponsable, capricieuse et égocentrique et dont la culture se résume à connaître par cœur l’œuvre de Jean-Jacques Goldman et de le citer à tout bout de champ (ce qui est une bonne trouvaille de comédie).
Voilà donc le tableau. La première partie de la pièce va se dérouler en fonction des humeurs de chacune et de la manière avec laquelle Edith va réussir à trouver sa place au sein du duo en dépit de l’animosité marquée de Nina. Cette première partie est réellement très agréable parce que bien écrite, bien jouée, avec des caractères parfaitement dessinés. Les réparties fusent, il y a du rythme, du jeu. On passe un bon moment. Sauf peut-être la scène du fast-food réellement surjouée par une Edith un peu trop survoltée. Mais bon, les deux autres sont tellement épatantes que ça passe.
Et puis soudain, tout bascule. Janis commet LA grosse bévue et voici la vie de nos trois donzelles menacée par un impitoyable truand. La pièce jusque là bien maîtrisée et cohérente part alors dans tous les sens. Ça se met à hurler pour le moindre prétexte, à s’agiter, à courir dans tous les sens… On passe dans un autre monde, celui de la farce et de l’outrance. Même si les accoutrements (dont je vous laisse la surprise) sont plutôt réussis et apportent une touche réjouissante de burlesque, on se désintéresse peu à peu de leurs mésaventures. J’ai même totalement décroché lors des répétitions du braquage. Il n’y a plus cette rigueur et ce contrôle qui donnaient à la première partie toute sa saveur. Ce n’est plus le Gang des Potiches, c’est le gang des Potaches. On a l’impression d’assister à un enterrement de vie de jeune fille. Edith, et même Janis, frisent l’hystérie. Ça part vraiment en sucette… Et pourtant, dans la salle, les rires continuent de fuser. Comme quoi. Difficile de comprendre, quand on est un minimum cartésien, la soudaine métamorphose de Janis. Même si elle est toujours aussi sexy dans une panoplie qui lui sied à ravir, comment une gentille bécasse peut-elle se transformer aussi radicalement en une redoutable machine de guerre ? Ce n’est guère plausible. Nina fait son possible pour essayer de recoller les morceaux en apportant un peu de subtilité et d’auto-dérision mais, comme elle est aussi l’auteure de la pièce on peut lui reprocher de ne pas avoir su rester dans la ligne du début. Début auquel j’ai pris un réel plaisir, ai-je besoin de le rappeler en ayant l’air d’insister.
En résumé, il y a un vrai potentiel, une vraie écriture, de bons dialogues et de beaux personnages qui nous offrent une première mi-temps d’un excellent niveau grâce à un jeu inventif, varié et plaisant. Et puis il y a cette seconde mi-temps qui est, à mon goût, un grand n’importe quoi. Mais, je le répète, beaucoup de spectateurs riaient de bon cœur devant cette avalanche de pitreries à la fois puériles et outrancières. Après tout, c’est peut-être moi qui suis trop difficile… A vous de juger.

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