Haïti : l’urgence permanente ! le pays où les enfants refusent de naître !

C'est un représentant de la Croix-Rouge française qui faisant le bilan de six mois de travail en Haïti trouve cette formule lapidaire qui est aussi un avoeux d'impuissance : «Nous sommes encore dans l'urgence permanente.»

Que pouvons nous faire face à un séisme si énorme, à des dégâts si difficiles à imaginer, à ce double défi de l'urgence et de la reconstruction...

Les Haïtiens ne sont pas encore sortis des lendemains du séisme et la reconstruction demeure pour le moment plus un avenir lointain qu'une réalité qu'on puisse voire poindre à l'horizon.

Le 12 juillet dernier, le président Préval s'est félicité du fait qu'on avait réussi à éviter les épidémies et les désordres sociaux. Mais existe-t-il une sortie de crise, un plan d'ensemble d'action globale pour la reconstruction. Un chiffre parmi beaucoup d'autres : 90 % des débris jonchent encore la capitale et attendent d'être ramassés ?

Et sur fond de ces débris : la tenue des élections le 28 novembre !

Pourtant tout est en place pour cette reconstruction. Les ONG sont sur le pied de guerre, les donateurs la main dans les poches et le Gouvernement disponible... mais les résultats tangibles se font attendre, les progrès sont d'une lenteur désespérante.... Et l'on retrouve soudain les dysfonctionnements d'un pays qui ne sait plus quoi inventer comme forme d'extorsion légale : (expression pudique car je n'ose pas dire le fond de ma pensée).

C'est une équipe de la télévision CNN qui a illustré de manière spectaculaire un exemple d'extorsion légale sinon dénoncé les pratiques de douaniers Haïtiens à l'insu de leur hiérachie et du Président de la République ?

Pourtant il faut garder espoir et ne pas désespérer, même si le secrétaire général de l'ONU se plaint de la lenteur des progrès, même si l'ex-président Bill Clinton, coprésident de la Commission internationale chargée de gérer les 5 milliards de dollars promis en mars par la communauté internationale, regrette poliment que les pays retiennent les sommes promises, même si le Canada n'a pas encore déboursé un sou... ni d'ailleurs Hugo Chávez... Mais ! Mais ! Comment ne pas comprendre les réticences des bailleurs de fonds devant l'incapacité du gouvernement à développer une politique globale et crédible.

Pendant ce temps, la saison cyclonique est déjà là et l'on ose à peine imaginer un ouragan ou même une simple dépression sur les 1300 campements temporaires.

Un autre chiffre révélateur du défi-désespoir : le plan de construction de 125 000 abris plus solides, en bois ou en tôle, est exécuté à 3 % ; soient seulement 3700 abris. Problème foncier quasiment insoluble...

La chute de cet article, la chute dans ce puit sans fond du drame Haïtien, notre désespérance, se trouve sous dans les mots de Nadine, une jeune femme, qui vit sous une tente. Nadine, selon un journaliste du Monde, est enceinte et dit: «Je suis arrivée au terme, mais le bébé ne veut pas sortir, sans doute parce qu'il sait que je n'ai rien à lui donner à manger.»

Haïti, le pays qui a des enfants qui refusent de naître.