A force de victimiser les caïds des banlieues, on en vient presque à oublier les réelles victimes au quotidien. Deux articles publiés dans la presse ont évoqué la manifestation des gardiens
d’immeubles. Seulement deux articles !
Dans le Marianne n°685 du 5 au 11 juin, Guy Konopnicki exprime une pensée radicale: “ la loi des bandes exprime une idéologie. Elle n'est pas bien pas bien neuve, elle fut toujours
celle de la pègre qui régnait dans les quartiers pauvres de Chicago, de Naples ou de Berlin : l'admiration du fric, les caïds s'imposant par la violence et la corruption. Le tout associé à la
haine des travailleurs, ces pauvres types qui ramassent les poubelles pour des salaires minables. Cependant quand ces victimes manifestent,elles sont ignorées par une gauche bourgeoise qui tient
les voyous pour les porte-parole du malaise social. Elle s'intéresserait volontiers aux poubelles des banlieues , notre bonne gauche, mais pour parler du tri sélectif, et non de ces gens qui
poussent les bennes !…”
la fin de l’article est forte puiqsqu’il assimile ces caïds à du lumpenprolétariat. Le lumpenprolétariat (terme emprunté de l'allemand où le mot "Lumpen" veut dire "haillons"), éléments
déclassés, voyous, mendiants, voleurs, etc. Le lumpenprolétariat est incapable de mener une lutte politique organisée; son instabilité morale, son penchant pour l'aventure permettent à la
bourgeoisie d'utiliser ses représentants comme briseurs de grève, membres des bandes de pogrom, etc (1)
Les mots sont justes : idéologie et lumpenprolétariat. Partout où l’Etat de droit est contesté et l’oligarchie impose sa loi, cette dernière s’appuie sur le lumpenprolétariat. Mafieux
d’Italie et des Etats-Unis, triades en Asie, groupes paramilitaires en Amérique du Sud, SA et SS en Allemagne, Chemise noire en Italie, caïd ou islamistes dans les banlieues de
nos jours. Là où le chaos s’installe et l’Etat ne fait plus respecter l’ordre légal, il y a toujours des sans foi ni loi pour s’imposer sur un territoire. Une description moins
politisée a été faite dans l’Obs du 7 juillet 2010 dans l’article "otage du béton" (2). Il souligne le désarroi d'une population victime de la violence au quotidien.
Une école brûle, une bibliothèque est saccagée, les médias et les penseurs « bien disant » parlent du malaise des banlieues. Quant à la droite, elle bombera le torse,en véhiculant un discours de
shérif, en traitant les gens de racaille… Mais elle ne fera rien pour rétablir la sécurité, sauf dans les centres villes bourgeois.
Ces bandes ne sont pas des martyr, ni des miséreux, ils sont des nababs qui gagnent parfois bien plus en une semaine que le jeune instituteur d’une ZEP. Les bourreaux sont devenus
depuis trop longtemps les victimes médiatiques.
Le retour des services publics, mais avant tout celui de l’ordre républicain sont plus que nécessaire, mais nous n’en prenons pas le chemin avec l’Etat néolibéral. La stigmatisation d’un discours
de fermeté républicaine par une gauche démago doit aujourd’hui cesser, comme le discours stigmatisant d’une droite réactionnaire, bien contente d’occuper les électeurs.
(1) extrait du manifeste du parti communiste
(2)http://hebdo.nouvelobs.com/sommaire/enquete/099545/otages-du-beton.html