Jeru The Damaja – Me Or The Papes

Jeru le casseur de micros fait partie de ces rappeurs ricains que je respecte, et il y en a assez peu. Loin des clichés bling bling qui poursuivent malheureusement le hip hop east coast, Jeru The Damaja façonne depuis le début des années 90 un rap militant, dénonçant à la fois l’ignorance du peuple américain, la gente féminine prête à tout pour l’argent et la gloire, et la soif de cash et de célébrité de certains « pontes » du hip hop.

The Wrath Of The Math (second album) dont est extrait Me Or The Papes résume assez bien les valeurs que défend le prophète brooklynien. Sur la pochette du disque on peut lire « This album was created to SAVE hip-hop and the minds of people who listen to it. Peace !! », citation qui se passe de commentaire. Jeru The Damaja a fait sien le triptyque « Knowledge, Wisdom, Understanding » en se réincarnant en gardien du temple hip hop résistant aux assauts des vilains petits canards que sont Pouf Daddy ou Suge Knight (qu’il dénonce bien volontier dans cet album). Taoïste, végétarien, gardien de temple donc, Kendrick Jeru Davis mène plus une existence basé sur le respect et le savoir, ce qui est loin d’être le cas des autres rappeurs ricains, notamment ceux qu’il dénonce avec ferveur.

Sur Me Or The Papes, Jeru dénonce encore une fois l’indignité des femmes s’intéressant à lui pour sa notoriété. Et il faut dire qu’il le fait bien ! Jeru est un grand lyriciste, au moins autant qu’il est un bon rappeur. Mais il faut reconnaître que la colonne vertébrale du morceau, et de l’album d’ailleurs, est son producteur, DJ Premier, qui sublime ici le phrasé et les paroles du damaja, en samplant I Love Music d’Ahmad Jamal. Le piano est tout simplement divin. Primo sait puiser son inspiration là ou il sait que ça va faire mal (Mile Davis, Esther Philips, Kool And The Gang et j’en passe…).

Pour la petite histoire, Jeru se brouilla avec DJ Premier peu après la sortie de The Wrath of The Math. Il a tout de même sorti 3 autres albums Heroz4Hire (1999), Divine Design (2003) et Still Rising (2007), tous d’une qualité bien inférieure à ces deux premiers essais.

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