Harold Cobert connait bien Mirabeau. Il est même intime avec lui : il lui a consacré une thèse, "Mirabeau polygraphe: du pornographe à l'orateur politique" et un essai. Comme il le connaît bien, il peut se permettre de nous entraîner à sa suite lors de "L'entrevue de Saint Cloud", audience privée, secrète, que le tribun a obtenu avec la reine Marie-Antoinette le 3 juillet 1790.
Personnage complexe, Mirabeau se retrouve en plein paradoxe : élu du tiers état, il va essayer de sauver la monarchie, tout en essayant de rallier la reine à ses convictions. La colère gronde, le danger se fait de plus en plus pressant pour le couple royal, le temps est compté.
Extrait: "Toujours réduit à conseiller, écrira-t-il un soir à son ami le comte de La Marck avec la lucidité du désespoir, ne pouvant jamais agir, j'aurai probablement le sort de Cassandre: je prédirai toujours vrai et ne serai jamais cru".
L'équilibre entre les dialogues de l'entrevue elle-même et le rappel du contexte historique et des personnages-clefs de la révolution est bien trouvé. Les conversations entre Mirabeau et Marie-Antoinette nous plongent au coeur de leur intimité. Du coup, on comprend parfaitement ce que jouent les deux personnages à ce moment là. Les deux personnages sont très ambivalents. Marie-Antoinette est hésitante : peut-elle faire confiance à ce Monsieur de Mirabeau ? Elle comprend toute l'intelligence de son interlocuteur. Cependant, c'est un élu du Tier-Etat, elle n'arrive pas à être sûr de son engagement pour la monarchie. Lui rêve d'une monarchie constitutionnelle. Elle, de toute façon, déteste la France de toute son âme.
"L'entrevue de Saint Cloud" est un somptueux duel en costumes, servi, vous l'aurez compris, par l' écriture sans faille d'Harold Cobert.
Harold Cobert était l'invité de l'Escale Littéraire le 15 septembre 2010
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