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Predators

Par Mg

Dans les années 80, on aimait les face à face en milieu hostile entre un surhomme et une grosse bêbête. A certains moments, le surhomme pouvait être la grosse bêbête, ça faisait tout le charme de la chose. Bref, dans tout ça, on avait découvert à l’époque nombre de classique en or, concocté par de vénérables metteurs en scène qui sublimaient leurs films par tout un lot d’actions, de pseudo gore réjouissants et d’une double lecture salvatrice, transformant leur mélange infâme en objet de culte amené à se reproduire. Malheureusement, car pour l’exemple de Predator, il aura été difficile de coller au premier opus de John McTiernan et d’Arnold. En témoigne cette resucée sans saveur ni faux pas, juste trop similaire pour vraiment se forger sa propre identité. Un essai raté donc.

On l’avoue, le premier Predator (voir le deuxième) a eu les faveurs de nos critiques. Difficile de juger les suivants, mix illogiques de deux créatures inscrites au Panthéon du cinéma de science fiction, chargés de redynamiser leur franchise respective en batifolant sur le sol de notre belle planète. Robert Rodriguez, désormais qualifié de réalisateur efficace, avait depuis longtemps décidé de remettre sur pied le Predator, ce chasseur extraterrestre à l’honneur indéfendable, gueule cassée dont la seule jouissance résidait dans la traque et le combat d’égal à égal, sorte de jeu de rôle en milieu humide dont il sortait souvent vainqueur. Au seul détail qu’il aime dépecer ses victimes et exhiber leurs carcasses encore fumantes devant ses camarades, le Predator est un noble guerrier. On apprécie. Sauf que, Rodriguez décide de ne pas foncer, et laisse les commandes à un pote, Nimrod Antal, connu pour le sympathique Vacancy ou le translucide Armored. Bref, on recule d’un pas dans le degré de confiance.

Le résultat final n’est pourtant pas déplaisant, mais voici notre joli Predator refoulé au dernier rang des invités, là où il était largement VIP auparavant. On retrouve donc quelques mercenaires bien trempés (dont une jolie donzelle, Alice Braga, décidément partout en ce moment), se réveillant sur une magnifique planète qui n’est plus la Terre. Les voici poursuivis par trois Predators, dans une chasse aux enjeux réduits. Oui, rapidement on se retrouve dans un bis repetita de choses déjà vues, certes bien mises en boîte et sans défauts particuliers, mais où il manque la douce saveur d’un récit bien trempé. Le principal défaut de Predators (avec un « s », comme pour signifier une montée en puissance, qui n’existe pas), c’est bien sa forme trop grand public. Le premier film était un vrai bijou d’anxiété et de dramaturgie, sanglé au sang et à la chair, avec un Scharwzy qui se démenait sec. Nous retrouvons ici dans le rôle titre Adrien Brody, qui faut de pouvoir jouer de sa carcasse, se transforme en salaud presque fini (dommage qu’il devienne sympa sur la fin..). Le reste de la troupe vire dans le stéréotype : le russe, le japonais, le psychopate, l’africain, la fille, etc…

Voilà donc un reboot caché qui ne fonctionne que peu, certes bien manigancés pour permettre quelques détails sympathiques (à coups d’arrachage de colonnes vertébrales, ouïe!), mais sans la puissance et la tension de l’original. Predators marque l’entrée de la saga dans le film « classique », sans réel intérêt. Dommage, la grosse bêbête était l’un des fleurons de sa catégorie. On aurait aimé voir plus de prise de risques dans son nouveau traitement.


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