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Zorah sur la terrasse, Abdelkader Djemaï

Publié le 21 juillet 2010 par Kenza
Zorah sur la terrasse, Abdelkader DjemaïHenri Matisse (1869-1954), Zorah sur la terrasse. Musée Pouchkine, Moscou***Zorah sur la terrasse, Abdelkader Djemaï   Janvier 1912, sous une pluie diluvienne, Matisse arrive avec Amélie, son épouse, à Tanger.
Au cours des deux séjours qu’il y effectuera, il découvre peu à peu cette ville bâtie entre l’Atlantique et la Méditerranée et d’où il repartira avec une vingtaine de toiles, de dessins et une soixantaine de carnets et d’études.Il y fera la connaissance de la lumière douce, des couleurs vives, de paysages luxuriants et de ses habitants, en majorité des Marocains, des Espagnols et des juifs. Mais s’il y trouve du plaisir à créer, il sera notamment confronté à l’absence de modèles féminins nécessaires à son travail.Sous forme d’une longue lettre, ce récit, qui se déroule à la veille de la Grande Guerre, s’attache, à partir de faits réels et de la correspondance du peintre, à retracer, entre autres, ses rapports avec Zorah, la jeune prostituée qui finira par poser pour lui.Outre le portrait d’une époque et d’une ville singulière, Abdelkader Djemaï, mêlant la fiction et le quotidien, évoque aussi, dans ce livre qui porte le titre d’un tableau de Matisse, la figure de son grand-père paternel et Oran, sa ville natale.Abdelkader DJEMAÏ est notamment l’auteur de Camping, de Gare du Nord, du Nez sur la vitre et d’ Un Moment d’oubli publiés aux Éditions du Seuil.
Zorah sur la terrasse, Abdelkader DjemaïHenri Matisse, Zorah assise (La robe jaune). Collection Cowles
ExtraitZorah sur la terrasse, Abdelkader Djemaï« Vous avez fini par rencontrer Zorah et vous insistez pour qu'elle pose pour vous. Elle ne parle pas français, mais vous avez tout de suite conpris qu'elle vous a dit « non». Elle a dû vous répondre avec une voix calme et en rougissant un peu, car je la crois timide et bien élevée.   Pierre-Auguste Renoir à qui vous rendez visite en 1899, s'était heurté aux mêmes difficultés à trouver des modèles lors de ses deux séjours aux printemps 1881 et 1882 à Alger où votre Jardin de Renoir à Cagnes est toujours conservé au musée des Beaux-Arts.  A côté de quelques paysages comme Le Jardin d'essai, Le Ravin de la femme sauvage et La Mosquée, le seul tableau contenant des personnages, il signera une imitation d'un détail de la toile d'Eugène Delacroix Femmes d'Alger dans leur appartement qu'il intitulera Intérieur de harem à Montmartre. Renoir, dont ce fut le premier voyage à l'étranger, aura l'honnêteté de préciser en sous-titre: Parisiennes habillées en Algériennes.Zorah sur la terrasse, Abdelkader DjemaïEn Occident, être modèle, comme le furent pour vous, entre autres, Henriette Darricarrère ou la fidèle et dévouée Lydia Delectorskaya qui vous accompagnera jusqu'à la fin de votre vie, c'est exercer un métier ancien comme celui que pratique un vrai artisan.  Dans les pays musulmans et dans cette ville du Détroit considérée comme "infidèle" et tenue en suspicion par les sultans, c'est honte, voire un péché. Même socialement déclassées, jamais Zorah ou Fatmah la mulâtresse, qui fréquentent plus les marabouts que les mosquées, les voyantes que les imams, ne s'exhiberont nues devant vous, car vous savez bien que la représentation du visage, du corps humain n'est pas autorisée en terre d'islam.»Illustrationsn° 1- Henri Matisse, Zorah debout, Musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg
n° 2- Delacroix Eugène, Femmes d'Alger dans leur appartement. Musée du Louvre, Paris

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