Il se cantonne à ma région.
Après avoir franchi le premier obstacle, qui n’est pas le moindre, enfiler un cuissard, qui si vous n’êtes pas Miss France, vous fait ressembler à un figurant de chez Disney, le reste devient plaisir.
Evidement, la deuxième épreuve, qui est la plus risquée est de rejoindre le lieu des réjouissances, les bords du canal. Pour cela il faut emprunter les couloirs de la mort, tracés par un adjoint à la circulation, qui n’a jamais du quitter son bureau et qui doit être un réel pervers. Tantôt il fait alterner les pistes cyclables avec les pistes pour piétons, tantôt les couloirs disparaissent, en pleine circulation intense.
Si vous avez déjoué tous ces pièges, les voitures, les bus, les camions qui n’ignorent pas qu’ils sont les plus forts, la nature est à vous. La semaine vous croisez, des jeunes gens en rollers, certains rajoutent une épreuve supplémentaire surtout les pères, ils poussent un landau ou une poussette. Vous croisez des familles, à deux, à plusieurs, des touristes, surtout les nordiques, les suisses ou les allemands, avec un équipement complet, certains font suivre leur bicyclette par un petite voiturette, dans la quelle ils ont mis leurs bagages, ou encore où cahotent leurs enfants, pour faire plus joli et pour que l’on devine leur pays d’origine, ils y hissent leurs couleurs. Les plus redoutables sont les groupes, tels des gnous, ils envahissent la voie, tracent leur route, ne se préoccupant que peu du paysage, ils avalent des kilomètres, les hordes d’Attila du 21e s. Ils me rappèlent ces groupes dans les musées, qui croient que le lieu leur appartient. La tenue réglementaire est de rigueur, cuissard, maillot, casque, vélo, gants tout est uniforme, même couleur, idée unique, un véritable peloton.
Si vous êtes flâneuse, comme moi, curieuse du paysage, c’est un bonheur sans fin, les oiseaux, les papillons, l’eau, les arbres, les fleurs, les bateaux, les passages d’écluses, les mariniers, les plaisanciers, puis si vous êtes silencieux, des grues cendrées se montrent sur la rive. Des pêcheurs se livrent à leur passion, bien abrités et bien équipés, sur la rive d’en face. Puis tout ce silence est brisé par l’arrivée de la Micheline qui tantôt file vers la vallée, tantôt revient vers la ville.
Je me contrains à ne pas poser pieds avant d’arriver vers l’étape de récompense : la guinguette au bord de l’eau.
Elle porte bien son nom, chaises, tables recouvertes de nappes en broderies anciennes, chemises de nuit de grand’mère brodées, suspendues sur des fils à linge, cadres anciens, miroirs anciens, faïence, poteries.
L’endroit est tellement agréable, que certaines personnes, informées par le bouche à oreille, y viennent en voiture, à pieds. L’accueil est charmant, des tartes, maisons, mais aussi des tartes flambées et d’autres mets alsaciens, en font un relais quasi gastronomique. Ne révélez ce lieu divin qu’à vos amis.
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