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LES CAPRICES D'UN FLEUVE (Bernard Giraudeau - 1995)

Par Actarus682

LES CAPRICES D'UN FLEUVE (Bernard Giraudeau - 1995)Seconde réalisation de Bernard Giraudeau après L'autre (1991), Les caprices d'un fleuve confirmait en 1995 le talent de Giraudeau metteur en scène à travers une oeuvre d'une beauté plastique remarquable et un récit poignant sur la révélation à un homme de sa véritable nature morale. Profondément attaché à la mer et aux voyages, Bernard Giraudeau offrait avec ce film (dont il signait également le scénario) une véritable réussite formelle et thématique, malgré quelques scories ne venant cependant entâcher en rien la qualité du métrage ni le plaisir du spectateur.

Les caprices d'un fleuve s'inscrit dans le cadre de la période pré-révolutionnaire française (1787) et raconte l'histoire de Jean-François de la Plaine, un membre de la noblesse envoyé en exil en Afrique pour avoir tué en duel un ami du roi Louis XVI. Arrivé au Sénégal, cet homme raciste s'attachera progressivement aux habitants du comptoir africain qu'il gouverne, et fera la connaissance d'une jeune fille, Amélie, qui transformera sa vie, ses croyances, ses convictions.

LES CAPRICES D'UN FLEUVE (Bernard Giraudeau - 1995)

Brassant les thèmes de la tolérance, du racisme, de l'égalité et de l'amour de son prochain, le film marque avant tout le spectateur par son rythme extrêmement ennivrant, les séquences se succédant les unes aux autres sur la magnifique musique de René-Marc Bini, empruntant aux rythmes africains leurs entêtantes sonorités capiteuses. Ainsi, l'on se laisse véritablement porter par la cadence imprimée au métrage, hypnotisés et happés par le chant visuel et sonore qui nous est offert.

LES CAPRICES D'UN FLEUVE (Bernard Giraudeau - 1995)

Par ailleurs, le film propose une photographie absolument somptueuse, certaines images nous sautant littéralement au visage par la puissance d'évocation qu'elles recèlent. Ainsi, les plans mettant en scènes les bateaux sur le fleuve Sénégal s'impriment durablement sur la rétine après avoir visionné le film. Le chef opérateur Jean-Marie Dreujou (également à l'oeuvre sur La fille sur le pont de Patrice Leconte notamment), signe ainsi une photographie d'une beauté véritablement marquante.

LES CAPRICES D'UN FLEUVE (Bernard Giraudeau - 1995)

A travers ces images à la beauté foudroyante, Giraudeau dépeint le parcours initatique d'un homme qui verra ses convictions mises à mal au contact de la population africaine, et développe une bouleversante histoire d'amour entre le personnage de Jean-François de la Plaine et Amélie, une jeune esclave qui lui sera offerte lors d'un périple dans les terres africaines. Le racisme de cet aristocrate volera peu à peu en éclats et l'homme restera profondément attaché à cette terre et à ses habitants.

LES CAPRICES D'UN FLEUVE (Bernard Giraudeau - 1995)

L'on regrettera en revanche une approximation dans les scènes d'action, le metteur en scène semblant mal à l'aise lors de ces séquences qui semblent expédiées, pour mieux se reconcentrer l'instant d'après sur des scènes plus intimistes. Ainsi, la scène de l'assaut dans le désert tombe totalement à plat tant elle laisse le spectateur en-dehors de tout processus immersif nécessaire à ce type de séquence.

LES CAPRICES D'UN FLEUVE (Bernard Giraudeau - 1995)

Par ailleurs, il y a lieu de souligner la qualité des dialogues, d'une justesse remarquable, à l'image de la scène du banquet dans laquelle le personnage interpété par Bernard Giraudeau laisse éclater son amour pour le peuple africain en prenant la défense de la jeune Amélie qu'il considère comme sa fille. Le glissement moral du racisme (peut-être davantage produit de l'environnement raciste du héros) vers la tolérance (sa véritable nature), éclate ainsi en une superbe séquence aux dialogues extrêmement ciselés. Le parcours intérieur ainsi opéré par le héros s'inscrirait davantage comme la révélation de sa profonde personnalité que comme une véritable transformation.

Brillant.


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