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Femme de caractère

Par Borokoff

A propos de Yo, También de Antonio Naharro et Álvaro Pastor 3 out of 5 stars

Femme de caractère

A Séville, la rencontre entre Daniel, un diplômé universitaire de 34 ans atteint du syndrome de Down et Laura, une employé dans un centre social. L’amitié qui va naître entre eux est au cœur de Yo, También

Autant être honnête. Yo, También est un film qui fait peur dans la première demi-heure. Peur de voir ressurgir le spectre de Le huitième jour, peur de retomber dans la mièvrerie et ce sentimentalisme de pacotille qui avaient tellement horripilé dans l’œuvre de Jaco Van Dormael.

Mais peu à peu, Pastor et Naharro évitent les écueils du misérabilisme et de la larme trop facile. Daniel et Laura ont une vraie consistance dramatique et un vécu qui les éloignent des personnages caricaturaux de Le huitième jour.

Qu’est-ce qui rapproche tellement Daniel et Laura ? Daniel est issu de la bourgeoisie sévillane. Son éducation et son érudition combinées aux efforts de sa mère pour lutter contre le retard mental provoqué par la trisomie 21 ont fait de lui un jeune homme instruit capable de travailler. Quant à Laura, si elle vient d’un milieu plus humble de Madrid, elle cache surtout un lourd secret familial qui la rend malheureuse en dépit de son caractère naturellement fort.

Sa rencontre avec Daniel coïncide avec le moment où, pour la première fois, quelqu’un semble s’intéresser à elle et la comprendre. Le masque tombe peu à peu, en même temps que toute l’hostilité qu’elle peut éprouver pour la société et sa famille en premier lieu. Laura est un personnage qui évolue et s’ouvre au contact de Daniel. On dirait même qu’elle s’est métamorphosée tellement elle semble radieuse à la fin du film. Les liens étroits qu’ils tissent entre eux sont subtilement décrits. Dans ces parcours croisés, ces destins parallèles, Yo, También évite un certain nombre d’écueils et d’abord celui de la démagogie. Il ne cherche pas nous faire croire que Laura peut réellement tomber amoureuse de Daniel, mais elle a simplement réussi à construire une amitié solide avec lui. Tout le bien qu’il lui apporte. Et vice et versa. Ce sont deux écorchés vifs, deux êtres intelligents mais mal dans leur peau. Sont-ils des parias de la société ? Des exclus ? Peut-être pas, mais ils vivent en marge et leur mal de vivre est tangible, qu’ils partagent au moment de leur rencontre.

Au-delà du débat sur l’originalité ou pas de ce que raconte Yo, También, dont on devine malheureusement trop vite le secret qu’il abrite, c’est la direction d’acteurs qui est remarquable. Lola Dueñas est de tous les plans et forme avec Pablo Pineda un duo aussi improbable que convaincant. C’est peut-être d’elle qu’on se souviendra le plus… Car Yo, También n’est-il pas au final (et avant tout) un portrait de femme ?…

www.youtube.com/watch?v=1rlSmt_udoA


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