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un conte de Maupassant,... transformé en vers

Publié le 22 juillet 2010 par Dubruel

 

ALLOUMA

D'après Guy de Maupassant 

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Mon ami Auballe était fortuné, fêtard et indigne.

En Algérie, il avait acheté

Une vaste propriété.

Il y exploitait des hectares de vignes.

Le jour, il suivait ses plantations.

Certains soirs, on lui amenait une femme, par compassion.

Une fois, il trouva étendue,

Presque nue.

Sur son sofa,

Une indigène, nommée Allouma,

-Un échantillon parfait de la race humaine,

Grande, d’une harmonie rare et saine-.

Toujours hanté par ce goût de la femme

Qui, chez lui, est aussi tenace

Que l’instinct de chasse

Chez les chiens, bref, il se pâme.

Allouma avait un visage d’idole,

Des yeux agrandis par le khôl.

Trois étoiles bleues tatouées sur le front,

Les joues et le menton.

Sa djellaba de soie rosée

Etant, sur la chaise, posée,

Elle s’est levée dans une attitude

De fière soumission, de servitude.

Ses lèvres souriantes, fortes et colorées

Se sont aventurées :

Les mains se sont posées derrière le cou

D’Auballe et l’attiraient avec un air doux,

Avec une volonté suppliante,

Irrésistible, criante.

Ses yeux allumés par le désir,

Le besoin de séduire

L’appelaient, l’enchainaient

Lui ôtaient toute résistance instantanée.

Auballe fut pris d’une passion lente,

Irrésistible, grandissante

Vers sa bouche animale,

Il colla la sienne, de façon amicale.

Enlaçant son corps nu,

Ce fut une lutte courte, mais soutenue,

Sans paroles, violente :

L’éternelle lutte galante

Entre deux brutes humaines,

Le mâle et la sirène

Où le mâle est toujours vaincu.

Sous une étreinte maintenue,

Souple et sereine,

Allouma se montrait parfaite gazelle africaine.

Ses baisers avaient une saveur

Encore inconnue des sens de notre noceur.

Ils tranmettaient le goût d’un fruit des tropiques.

Aux approches du matin, pathétique,

Pensant qu’elle s’en irait,

Auballe voulut la renvoyer

Mais elle comprit son intention.

Elle murmura : « Si tu me chasses, patron,

Où veux-tu que j’aille maintenant ? 

Laisse-moi coucher sur ce tapis persan.

Je dormirai chaque nuit

Au pied de ton lit. »

Puisque cette fille suave,

Cette maitresse-esclave

Avait été jetée dans ses bras

Il la gardera.

« Je veux être bon pour toi.

Je te traiterai de façon à ce que tu sois

Heureuse, mais je veux savoir, dis moi

Qui tu es et d’où tu viens?»

Elle raconta : « Je suis fille de musiciens.»

-Elle avait plutôt l’air

D’une rôdeuse du désert.-

En fait, de son existence véritable,

Allouma verrouillait une barrière infranchissable.

Cette femme qui s’était donnée avec gentillesse,

Qui venait d’offrir son corps aux caresses

Répondit : « Je suis Allouma, et j’ai faim. »

-« Que veux-tu manger ? du pain

Avec du beurre ? …

Et veux-tu habiter ma demeure ? »

-« Oui, je veux bien. »


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