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Peter Green's Fleetwood Mac (1968)

Publié le 17 décembre 2007 par Are You Experienced?

"Fleetwood Mac were sort of secretive. Mick Fleetwood for instance, I had a vision that he was a stilts man in a circus, a carnival, a Mardi Gras. I had a vision that he was one of the blokes who walked around on stilts and that that was his main thing. And little Jeremy Spencer... I don’t want to say anything about Jeremy. Danny Kirwan was a lovely geezer. I’ve seen him since on television. They do other things. If they’d have told me about them I could have broadened my mind a bit and enjoyed something a bit more. They seemed worried about me, so I thought. It was just all just whatever it was. Just... weird." (Peter Green)
Where: Recorded at CBS Studios, London
When: 1968
Who: Peter Green (guitar, harmonica, vocals), Jeremy Spencer (guitar, piano, vocals), John McVie (bass), Bob Brunning (percussion), Mick Fleetwood (drums)
What: 1. My Heart Beat Like A Hammer 2. Merry-Go-Round 3. Long Grey Mare 4. Hellhound On My Trail 5. Shake Your Moneymaker 6. Looking For Somebody 7. No Place To Go 8. My Baby's Good To Me 9. If I Loved Another Woman 10. Cold Black Night 11. The World Keep On Turning 12. Got To Move
How: Produced by Mike Vernon
Up: bruits indistincts, tapotement excédés de Vernon sur le micro, un "yes!" en réponse, un début de riff gras, une citation de "Foxy Lady" de qui-vous-savez, quelques arpèges en son clair, les jeunes chieurs de studio démarrent enfin sur les traces d'Elmore James, "Oh yeah!" et voix goguenarde de Spencer qui décharge des tonnes de slide, licks de Green en supplément, rythmique costaude et classe de Fleetwood et McVie, transfuge de Mayall et Clapton, Green tricote à l'arrière, premier solo en slide de Spencer qui charrie des aigus barbelés, un triomphe sans esbroufe en rythmique, chant gourmand de Spencer, patates en bouche, un second solo, en souplesse, qui se raidit bientôt, un temps suspendu, quelle décharge ["My Heart Beat Like A Hammer"]...
 
"take 2!", ça papote derrière, on déclenche un slow blues avec accords tristes égrénés mais dignes et sereins, basse smoking de John, petite phrases étranglées de Green en attaques contenues, presque tues, un solo d'anthologie, passé à l'histoire, un feeling désarmant, McVie et Fleetwood, puissant mais collectif, tissent une trame sonore élégante à souhait, Green, en confiance, prend son temps pour s'exprimer, ces gars-là sont-ils vraiment Blancs pour être si bons ? ["Merry-Go-Round"]...


un peu de blues, un peu de rock, un peu de boogie, le Mac étale sa science encyclopédique, une compo de Hubert Sumlin cette fois-ci, un riff tricotant inoubliable, la basse qui colle au corps, c'est l'harmonica de Green qui est à la fête pour changer, les lyrics sont explicites bien sûr, Green délaisse la six-cordes pour les anches et embraye sur un solo, on travaille l'épure respectueuse, on traque la sortie de route sacrilège ["Long Grey Mare"]...
Robert Johnson pour continuer, Spencer au piano, seul, au débotté, s'emberlificote dans les fameuses paroles qu'il inverse mais se connecte directement dans l'univers de terreur du bluesman hanté, plus de trente ans après, à des milliers de kilomètres de distance, en voix frissonnante ["Hellhound On My Trail"]...            
riff énorme gras, "'Shake Your Moneymaker', Take 1", départ avorté, rires débiles de Spencer aérophage, ça tricote à gauche et ça envoie des pêches de slide piaffante à droite, ça décolle touffu et chaud, McVie et Fleetwood parfaits, retour d'Elmore James, du boogie, Spencer proche de la schizophrénie se fond à corps perdu dans le son du bluesman chicagoan, balance la slide dégoulinante, en fusion, Fleetwood bastonne, le bottleneck s'emballe sur un solo syncopé, fluide, volcanique, ils en veulent nos anglais ["Shake Your Moneymaker"]...
rupture totale avec un beat sud-américain, un peu de calypso, un peu de bossa nova, Green ose le titre maison sur une ligne de basse obsédante, sort l'harmonica pour un solo pleureur écorché, un intermède osé et réussi en forme de lucarne dans la psyché torturée de Green ["Looking For Somebody"]... 
Howlin' Wolf à nouveau, du boogie sans chichis, avec rythmique moite et exécution dans les règles de la bande à Green, un hommage puriste pour continuer la visite du répertoire noir américain ["No Place To Go"]...
Bottleneck au doigt, Spencer se travestit en Elmore James, Fleetwood nous sert une fricassée de cymbales en fond, un premier solo désarmant d'aisance, un second sans tarder, presque trop parfait, dévôt à coup sûr derrière la foire potache en studio ["My Baby's Good To Me"]...
Green tâtonne, ressort un plan calypso, pas encore "Black Magic Woman" mais déjà la Gibson noyée de reverb lumineuse, un son unique, véritablement planant, tout Gary Moore en un titre, une envolée en crépitements phosphorescents pour déchirer la nuit, cris lycanthropes d'une souffrance qui s'enfonce dans l'obscurité pour terminer ["If I Loved Another Woman"]... 
Spencer écoute Green et copie, un slow blues, la slide grésillante bien sûr, même contenue, ruisselle des amplis, Mick et John fabuleux d'humilité, une énergie stupéfiante chez les jeunots londoniens ["Cold Black Night"]...
Green seul à l'acoustique, sur les brisées de Son House, distille un désespoir digne, la guitare bien sûr, mais aussi la voix, glaçante, un titre court tout en tourments puissants ["The World Keep On Turning"]... 
Sonny Boy Williamson pour finir la tournée des grands ducs, Spencer aux rênes, une rythmique lipidique en soutien à la Gibson, John en basse sautillante part dans un walking, Spencer branche la slide au bout d'une minute, un call-and-answer en solo, en remet une louche avec un chorus presque timide, la basse se permet des échappées, un "yeah !" communicatif, les Anglais finissent dans l'euphorie, une leçon ["Got To Move"]...
Down: Le succès énorme de la deuxième carrière du groupe, californienne et résolument FM, a fait oublier à un large public les prouesses blues du Mac...

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