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Doctor L & Tony Allen - "Psycho On Da Bus" 2000 Comet Records

Publié le 27 juillet 2010 par Audiocity

 

"Psycho On Da Bus" est un collectif éphémère de musiciens formé en 2000 et regroupant Doctor L, producteur français multi-casquette et batteur autodidacte, Tony Allen, le grand représentant de l'afrobeat à travers le monde depuis la disparition en 1997 de Fela Anikulapo-Kuti  dont il était le batteur et le directeur artistique de 1968 à 1979, Jean-Philippe Dary, claviériste éclectique français ayant notamment enregistré pour Juan Rozzof, Papa Wemba, ou Stephane Belmondo, Jeff Kellner, un guitariste et producteur français très largement influencé par la musique africaine, et enfin Cesar Anot, bassiste ivoirien reconnu comme l'un des meilleurs du continent africain, aux innombrables collaborations (Cheick Tidiane Seck - Mory Kante - Damon Albarn). Alléchant et prometteur, ce projet, né de rencontres et d'instants, à donc tout pour que l'on s'y intéresse de près.

En 2000, Tony Allen, alors accompagné de ses musiciens et de son producteur Doctor L, est en tournée à travers le nord des Etats-Unis pour y promouvoir la sortie de son très bon album "Black Voices" sorti quelques mois plus tôt. Le bus chargé de transporter tout ce beau monde de ville en ville se révèle alors être pour eux le lieu idéal dans lequel assouvir leurs besoins naturels de faire parler le son et l'esprit. Ils y organise régulièrement des séances de musique improvisées, séances judicieusement sauvegardées dans un ordinateur portable, canevas prometteur et trâme substantielle d'un album en gestation et prêt à éclore. De la même manière, les nombreuses chambres d'hôtels jalonnant leur parcours sont également réquisitionnées, et temporairement transformées en studios d'enregistrements. Une fois la musique et les idées bien en place dans les têtes et sur le disque dur, Doctor L se charge de dénicher (aux Etats-Unis comme à leur retour en France) de "vrais" studio pour y réaliser les mix et les arrangements. Quelques musiciens supplémentaires sont invités à participer (flûte -oud), et en moins de 4 mois l'album est bouclé.

Mais qu'en est t-il vraiment, et que penser de ce disque qui, au demeurant, semble receler toutes les qualités humaines et artistiques selon moi nécessaires, voire indispensables, pour faire d'une oeuvre originale un outil d'expression singulier et personnel? Si l'histoire est belle, presque philanthropique, et qu'on ne saurait en dire le contraire, que vaut vraiment cet album et qu'apporte t-il de plus à l'édifice musical?

Sans doute faut-il au moins connaitre l'afrobeat et sa construction rythmique ou mélodique pour bien saisir les différences notables entre l'origine de cette musique vieille de 40 ans et ce qu'en fait le groupe 30 ans plus tard avec "Psycho On Da Bus". A l'époque de feu Fela, la batterie tenait une place prépondérante au sein du groupe, et la technique de frappe inventée par Tony Allen participait pleinement de l'inspiration des cuivres, mais également du maître qui dira de lui : "sans Tony Allen, il n'y aurait pas d'Afrobeat". La mélodie principale (ou thème) était reprise par les différents sax, Fela pouvant alors laisser libre cours à ses chorus enflammés ou à ses diatribes politiques bien senties. Cette base batterie/cuivre était l'essence même de cette musique, et reste encore aujourd'hui la principale marque de fabrique de l'afrobeat.

Avec ce disque, le vent de la modernité a soufflé et emporté avec lui sax ou trombonne (excepté sur "Time To Take A Rest"). Plus de chants non plus, mais de simples gimmicks rocailleux, presque murmurés, distillés par-ci par-là. En fait, seule la rythmique, indémodable et spécifique à ce courant musical, reste inchangée. Plus vraiment jouée live mais bien samplée à partir de live, il s'agit plus de programmations que de vrais sets assurés par les 2 batteurs Tony et Dr L. Qu'importe, l'esprit est bien là et le groove est indéniable. Les puristes et les adeptes des albums de "Africa 70" seront peut-être déconcertés par l'audace et le changement radical de sonorités, mais pour ma part j'adore et j'applaudis des 2 mains pour avoir réussi à dérider le genre (n'y voyez rien de péjoratif) qui, il faut bien le dire, ne s'est jamais vraiment remis du décès de son leader incontesté et incontestable. A l'instar d'un "Fat Freddy's Drop" dans le reggae (un des rares groupes à ne pas sombrer dans la réédition de morceaux déjà entendus et réentendus du temps de Marley), "Psycho On Da Bus" ne s'attarde pas sur le passé mais lui rend plutôt hommage et de bien belle manière. Quelques notes de jazz. Par moment, un rappel à l'Afrique. Pour l'ensemble, une ambiance souvent proche de l'électro mais néanmoins subtilement agencée, une basse ronde et puissante, et enfin un très gros travail d'édition présent du début à la fin du disque, marquant définitivement sa différence d'avec son ainé.

11 titres pour 1 heure entre rêveries et songes psychédéliques, avec en prime le morceau "Push Your Mind" en bonus vidéo. Que demande le peuple!

Myspace Doctor L

Myspace Tony Allen

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