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DES HOMMES ET DES DIEUX de XAVIER BEAUVOIS

Publié le 28 juillet 2010 par Abarguillet

DES HOMMES ET DES DIEUX de XAVIER BEAUVOIS   VIDEO

Un monastère, celui de Tibéhirine, perché dans les montagnes du Maghreb, dans les années 1990. Huit moines chrétiens français vivent en harmonie avec leurs frères musulmans. Quand une équipe de travailleurs étrangers est massacrée par un groupe islamiste, la terreur s’installe dans la région. L’armée propose une protection aux moines, mais ceux-ci refusent. Doivent-ils partir ? Malgré les menaces grandissantes qui les entourent, leur décision de rester coûte que coûte, se concrétise jour après jour... Ils seront égorgés puis décapités.

Grand Prix du Jury, prix œcuménique, prix de l’Éducation nationale... si la palme du film consensuel existait, ce beau huis-clos dramatique l’emporterait haut la main. Xavier Beauvois, que l’on savait subtil et efficace depuis Le petit lieutenant, a le mérite de ne pas s’enfermer dans le piège du scénario « inspiré d’une histoire vraie » et préfère proposer une vision d’artiste revisitant un événement médiatisé en son temps, à l’instar de la démarche d’un Téchiné dans La fille du RER. Des dieux et des hommes se situe en Algérie et filme la détermination d’un petit groupe de religieux à aller jusqu’au bout de leurs convictions et valeurs morales. Mais alors que certains réalisateurs préfèrent le lyrisme et la chronique engagée, Xavier Beauvois opte pour la chronique semi-documentaire, déviant progressivement vers la tragédie. La première partie excelle à peindre un microcosme communautaire ouvert à son environnement : une brève discussion sur le sentiment amoureux entre un moine et une jeune algérienne (délicate Sabrina Ouazani), des conseils médicaux prodigués par le frère Luc (prodigieux Michael Lonsdale) sont autant de tranches de vie filmées, dont la sérénité contraste avec les sourdes prémonitions qui ne cessent d'empirer. Quand le danger survient, le cinéaste concentre sa caméra sur les huit hommes, leurs craintes, divergences et solidarités. On songe à la version filmée du Dialogue des Carmélites de Bernanos, non seulement par la similitude des personnages et situations, mais aussi par la place accordée au verbe dans la montée de la tension dramatique.


Olivier Rabourdin. Mars Distribution


Le dépouillement, la lenteur, l'exigence spirituelle dont le film rend compte, la beauté des paysages sont beaucoup dans sa réussite, sans oublier la remarquable performance des acteurs. D'ailleurs Lambert Wilson avait tenu à expliquer cette justesse de leur démarche à rendre évidente les exigences cisterciennes qui privilégient le silence et la contemplation, sans oublier le travail de la terre, la communion par le chant, l'aide aux démunis, les soins prodigués aux malades et la fraternité avec les hommes, disant :

Curieusement, cette fusion qu'ont ressentie les moines, nous l'avons aussi vécue. Nous avons fusionné dans les retraites et fait des chants liturgiques. Le chant a un pouvoir fédérateur.

Tandis que le metteur en scène confiait à un journaliste :

Sur ce tournage, j'ai passé parmi les deux plus beaux mois de ma vie. Tout était simple, limpide, facile, évident, étrange et beau. Oui, l'esprit de Tibéhirine a soufflé sur nous. Il existe. J'espère qu'il touchera le Festival et fera du bien à tous.

Pari tenu. Un film qui vous réconcilie avec le 7e Art, parfois mis à mal par des productions médiocres. Deux heures de mise... en grâce. Remarquable.

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