Le Musée imaginaire de Marcel ProustTous les tableaux de À la recherche du temps perdu
L’ensemble des œuvres picturales évoquées par Proust dans son chef-d’œuvre reproduites pour la première fois.
À la recherche du temps perdu est l’un des romans les plus profondément visuels de la littérature occidentale. Le texte de Marcel Proust abonde en références picturales : le personnage d’Elstir est directement inspiré des peintres James Whistler et Paul Helleu ; l’apparence de Bloch enfant a de nombreux points communs avec le portrait du sultan Mehmet II par Gentile Bellini ; Odette de Crécy frappe Swann par sa ressemblance avec une figure peinte à fresque par Botticelli. D’un personnage secondaire, une certaine Mme Blatin, Proust va même jusqu’à écrire que « c’est exactement le portrait de Savonarole par Fra Bartolomeo ». De même que le jeune narrateur, à bord d’un train le menant à Balbec, ne cesse de « courir d’une fenêtre à l’autre […] pour rentoiler les fragments [de son] beau matin écarlate et versatile et en avoir une vue totale et un tableau continu », l’auteur du présent ouvrage tente de réunir dans un même volume les tableaux fugitivement évoqués et imbriqués dans la trame de ce roman émouvant, afin d’offrir pour la première fois au lecteur « une vue totale et un tableau continu ». Toutes les œuvres du roman, qu’elles soient nommément citées ou simplement évoquées par Proust, sont ici reproduites avec, en vis-à-vis, le passage de La Recherche dans lequel elles sont mentionnées. Anges de Botticelli, courtisanes de Manet, guerriers de Mantegna et saints de Carpaccio se mêlent ainsi aux nymphéas de Monet et aux gravures de Rome par Piranèse. Le Musée imaginaire de Marcel Proust est une référence incontournable pour tous les passionnés de Proust ainsi que pour tous ceux qui souhaiteraient aborder pour la première fois ce chef-d’œuvre de la littérature française.
ERIC KARPELES est peintre. Après des études au Haverford College (Philadelphie), à l'université d'Oxford ainsi qu'à la New School à New York, il a vécu quelque temps en France dans les années 1970, où il a obtenu des bourses à la Cité des Arts, à Paris, et à la Camargo Foundation, à Cassis. On lui doit notamment deux œuvres monumentales, le Sactuary Project et la Rockefeller Chapel. Karpeles écrit sur la peinture, la poésie et l'esthétique.
Editions THAMES & HUDSON
Extraits
«Je ne vous demande pas, Monsieur, si un homme dans le mouvement comme vous a vu , aux Mirlitons, le portrait de Machard qui fait courir tout Paris. Et bien, qu'en dites vous? Etes-vous dans le camp de ceux qui blâment? Dans tous les salons on ne parle que du portrait de Machard, on n'est pas chic, on n'est pas pur, on n'est pas dans le train, si on ne donne pas son opinion sur le portrait.» Du côté de chez SwannIllustration: Jules Machard, Jeune Femme en tenue de soirée assise près d'un bouquet d'hortensias
***«Et la charmante femme à la parole vraiment amoureuse des colorations d'une contrée nous parle avec un enthousiasme débordant de cette Normandie qu'ils ont habitée, une Normandie qui serait un immense parc anglais, à la frangrance de ses futaies à la Lawrence.»[...] Le Temps retrouvéIllustration: Thomas Lawrence, Elizabeth Farren, dernière comtesse de Derby
***"Dans ce ciel transporté sur la pierre bleuie volaient des anges que je voyais pour la première fois, car M. Swann ne m'avait donné de reproductions que des Vertus et des Vices, et non des fresques qui retracent l'histoire de la Vierge et du Christ. Eh bien, dans le vol des anges, je retrouvais la même impression d'action effective, littéralement réelle que m'avaient donnée les gestes de la Charité ou de l'Envie." [...] La fugitiveIllustration: Giotto, La Déploration du Christ