Avec Casanova Forever, le périple continue, d’abord vers Nîmes où, à la galerie ESCA-PPCM (jusqu’au 4 septembre), Cécile Hesse et Gaël Romier (vus récemment au Chambon-sur-Lignon, et qui exposent également à Mende - Le goût de la Souillon - où j’aimerais bien aller aussi) épluchent (elle, en fait, en gaine couleur chair) méthodiquement des talons de chaussure féminines à l’aide d’un économe : acte
d’un rituel étrange, fétichiste, presque violent (L’éplucheuse). Les épluchures sont alignées au mur, série multicolore, traces fantomatiques, collection de papillons. On peut aussi en acheter dans un distributeur automatique, présentées comme des bijoux érotiques dans un écrin de numismate. Celle que j’ai acquise (34 euros) est de couleur chair, la couture dorsale du talon lui confère une sensualité folle, légèrement asymétrique, elle évoque une déesse préhistorique, une vénus néolithique. Ils traquent la sexualité latente, révélant ce qu’on ne voit pas, ce qu’on ne veut pas voir, découvrant nos refoulements les plus secrets.



L’amour à la machine, c’est aussi, dans la même salle, la vidéo Mouthwash de Jemima Burrill où elle utilise la bouche de son ami comme machine à laver sa petite culotte : lavage, rinçage, essorage, séchage. Comme dans ses autres films, elle détourne le quotidien vers un érotisme froid, drôle et féministe ; le corps de l’homme devient machine, objet, neutre et fonctionnel. Au mur, un poème mélancolique de Pétrarque, “Erano i capei d’oro“.


Encore deux étapes avant de clore ce périple, mais pour écrire sur l’exposition du Pont du Gard (Jardin-Théâtre Bestiarium), j’attends un peu de documentation complémentaire, ce sera pour plus tard. Demain, à Alès, un séduisant trio.
Photo Hesse/Romier 2, Burrill 1 & 3, et Paperina 2, de l’auteur; photos Hesse/Romier 1, Burrill 2 et Paperina 1 courtoisie du FRAC Languedoc Roussillon.
Voyage à l’invitation du FRAC Languedoc Roussillon.