C'est significativement par une série de clichés que s'ouvre la nuit nous appartient, parmi
lesquels un gros plan sur l'écusson de la brigade policière new yorkaise qui va se livrer un duel (signe des temps?) avec la mafia russe , we own the night.
Et en effet, au delà de la reconstitution réussie du New York des années 80, musique à l'appui, pour l'essentiel on ne s'écarte guère des sentiers battus du genre, ce qui est
particulièrement éclatan si l'on se réfère à la place restreinte laissée aux femmes, à la limite de l'objet décoratif.
D'un côté, des policiers irréprochables, quoiqu'engoncés dans leurs certitudes morales, de l'autre, une mafia d'un genre nouveau dont les codes ne sont pas ceux auxquels la gente
policière est habituée, au point de les troubler même quand l'un des mafieux arbore un médaillon où cohabitent un crucifix et une étoile de David.
Au mileu, un fils de policiers qui a renié sa famille, jusqu'à changer son nom, pour l'argent facile des night-clubs, et qui va être amené à choisir.
Comme souvent dans ce genre de situation particulièrement manichéenne, ce dernier va devoir choisir et il choisira sa famille.
En matière de fatalité des destins, disons-le, on a vu largement mieux, et récemment même quand Scorcese s'était emparé d'un thème similaire sur le fond, celui de l'appartenance à une lignée.
Cela n'empêche nullement we own the night d'être un film efficace et bien construit, à défaut d'être surprenant, sans parler de l'absence totale de caractère
subversif.
Peut-on encore filmer des films policiers comme il y a vingt ans, avec des repères qui sont depuis devenus ceux des télfilms ? La réponse de James Gray est assurément positive et
il se livre à l'exercice avec application. Rien de bien exceptionnel, donc, ne vous attend sur cette pellicule mais tout du moins un moment qui n'a rien de désagréable et même quelques
scènes très réussies, comme une poursuite à l'aveugle dans un champ de roseaux qui vient conclure, presque, ce film - le point final étant la sanctification du "bien" incarné ici par la police
new-yorkaise, dont on nous accordera facilement qu'elle ne fait pas partie de celles qui le méritent le plus et l'on conseillera donc l'écoute "31 shots" de Bruce Springsteen pour se remettre, si
besoin, les pendules à la bonne heure.