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Katawa Shoujo, une histoire de cœur.

Par Nemotaku
Katawa Shoujo, une histoire de cœur.

Le pansement des héros !

Le Visual Novel est un genre pour lequel je n'ai pas de base franchement d'attirance tant ça se rapprochait plus dans mon esprit des CD-Rom multimédia éducatifs qu'on nous filait au collège que d'un vrai jeu vidéo. Ce qui est un préjugé. Et comme aurait pu le dire très justement, si il était encore vivant, le grand Georges Abitbol : « Les préjugés c'est de la merde mon petit. ».

Je me suis donc lancé dans Katawa Shoujo. Il y avait de la lumière et l'endroit semblait confortable et suffisamment simple pour ne pas se sentir trop engagé dans le truc. Oui, ça doit être ça ou bien le fait que Pso connaisse l'adresse de mes parents et que je tiens à mon héritage autant qu'à mes bijoux de famille.

Mes premières impressions sont de bonnes surprises. Quand tu arrives dans le monde de Katawa Shoujo, on est aux petits soins avec toi, on te souhaite la bienvenue avec un grand sourire. Le site officiel est bien foutu, Kawasoft a traduit le jeu dans un français où y a 98% du temps franchement rien à dire et le jeu ne te spamme pas la face de fanservice à gogo dès l'intro pour aguicher le chaland. Mieux, cet acte 1, sorte de démo géante de luxe avant la sortie dans de longs mois du jeu complet, sait amener son récit de façon poétique, grave et posé.

Sweet. :3
Les filles timides trainent FORCEMENT à la bibliothèque.

Dès le démarrage de l'application, on sent d'ailleurs que la longue équipe d'amateurs derrière tout ça veut soigner son œuvre. Les menus que ce soit au niveau des graphismes ou de la musique de fond sont dans un style simple dans une ambiance touchante mais efficace. La sensation d'un délicieux petit bonbon sucré doucement avalé. Bref, on commence entre de bonnes mains ce qui contribue fortement à avoir un à priori positif sans même avoir commencé le jeu. Pas mal joué.

L'histoire de Katawa Shoujo commence avec …. une crise cardiaque. Celle du héros, vous, moi , nous donc. Direction l'hôpital. En prenant son temps, histoire d'installer l'ambiance. L'action se passe dans un parc en hiver, le paysage est couvert de neige mais elle continue à tomber, il y a une romance en construction et le drame arrive de façon pudique. Conté à la première personne, l'histoire donne à notre héros bon nombre de lignes (ayons alors une pensée pour les traducteurs) pour épancher ses doutes, ses questionnements suite à ce qui lui arrive. Et contrairement aux préjugés évoqués plus haut, j'ai été surpris de voir combien cette partie là tombait juste que ce soit dans son déroulement ou dans son écriture. Développés en ne tombant que rarement dans le trop verbeux, les dialogues et autres monologues qui constituent l'intégralité de l'histoire de Katawa Shoujo sont d'une qualité « impressionnante ». Certes, on ne pleurera pas à chaudes larmes devant son écran pas plus qu'on échappera aux grosses ficelles mais il y a dans cette démo suffisamment de volonté de s'en échapper de temps en temps pour qu'on puisse difficilement en tenir rigueur au final. Même si une petite voix me dit qu'il le faudrait.

Mais pour comprendre tout cela, continuons un peu notre récit. Notre héros au bout de quelques mois d'hôpital finit par pouvoir sortir à condition de s'inscrire dans un lycée où ne sont élèves que des personnes ayant un handicap trop lourd pour pouvoir intégrer le circuit scolaire « normal ». Il y débarque une semaine avant le festival culturel de l'établissement, temps de l'acte 1. Là aussi, l'histoire prend son temps. Les musiques restent douces et les décors du lycée en prises de vue réelles se marient sans choquer aux dessins de vos interlocuteurs. Ou plutôt de vos interlocutrices car le côté jeu de dragues finit inévitablement par sauter au nez.

Vous finissez en effet au cours de votre première semaine par rencontrer différentes élèves de l'établissement : chacune d'entre elle représentant globalement un cliché avec le chemin à prendre qui va avec. Mais une nouvelle fois Katawa Shoujo fait preuve d'intelligence en ajoutant quelques éléments scénaristiques qui se distinguent de ce à quoi l'on pourrait s'attendre si l'ensemble n'était qu'un étalage de grosses ficelles. Parmi ces éléments, celui qui est le plus notable et qui est un peu la « marque » du jeu est le fait que chacun des éleves du fameux lycée porte un handicap différent. Le héros a un problème de cœur, la tsundere/délégué est sourde et muette, l'ultra timide a la moitié du visage brulé, l'une n'a pas de jambes, l'autre pas de bras et on conclue la série avec une aveugle et un …. taré, dirons-nous.

Screw the rules, i'm in a vn !
Chaque décision est un risk à prendre.

En récent fanboy du personnage, j'avoue avoir bien trippé sur Rin : une fille sans bras, artiste complètement désarmante par ses réactions excentriques et ses remarques bizarres le plus souvent sortant de out of nowehere et qui débarque un peu comme un chien dans un jeu de quille. Elle a une fin qui est très sympa et le top du top, elle sert maintenant de mascotte à ce blog. Quelle classe !

Mettre en place un vn à l'histoire centré sur des personnages handicapés était par essence formidablement casse gueule. Fort heureusement, Katawa Shoujo sort de l'exercice sans dommage, le traitement du handicap y est simple mais bien pensé. Certes, on n'est pas au point d'arriver à une véritable réflexion sur le sens de tout cela ou sur le handicap de manière générale, c'est un VN après tout mais en gardant son statut d'œuvre légère, Katawa Shoujo évite les pièges de l'ignorance, de l'utilisation malsaine ou de la surexposition du problème mais au contraire l'utilise pour amener doutes et questionnement à son héros ce qui apporte un plus à l'expérience de jeu.

Katawa Shoujo n'est pas sans défaut, l'ensemble est parfois un peu trop verbeux pour ne rien dire même si c'est le genre qui tend vers ça. Toutefois le principal reproche que j'ai à retirer de ce premier contact avec un VN est selon moi l'absurdité de la méthode de sélection de la fin. Il y a certes peu de chois dans cet acte 1 et les fins sont assez faciles à trouver mais la façon d'y accéder dépend de facteurs beaucoup trop mineurs pour imaginer qu'ils aient un réel impact sur l'histoire. Dommage.

Que cela ne vous empêche pas toutefois de tenter l'expérience, KS ne demande pas énormément de temps pour se terminer et l'histoire est au final suffisamment bien foutue pour donner envie de voir ce que vont bien pouvoir devenir les personnages par la suite. Une très bonne surprise.


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