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Nico, Carlo, Mickey, Dingo et les autres

Publié le 18 décembre 2007 par Jb
415f9bc00839271a23f298161db0796f.jpg Le débat sur "Faut-il parler de Nicolas Sarkozy et Carla Bruni ?" me semble relativement vain.
Aujourd’hui, nous le savons, les frontières entre vie publique et vie privée, pour les personnes médiatisées et qui s’engagent dans l’espace commun, sont de plus en plus floues. Qui plus est, un certain nombre de ces personnes jouent de l’ambiguïté afin d’en tirer un éventuel profit. C’est le cas, depuis des années, de bon nombre de "people" qui, pour faire parler d’eux, se mettent en scène en espérant (et en général ça fonctionne) que les médias relayeront.
Nous sommes donc tous, à des degrés divers, complices : les personnalités publiques qui s’affichent et dont la logique de départ est d’être "connues" (jusqu’au moment où elles le sont et commencent à râler parce que le revers de la médaille, c’est que tout le monde les reconnaît dans la rue et que les paparazzi se mettent à les traquer) ; les médias qui veulent vendre un maximum de papier (s’il s’agit des journaux) ou un maximum d’espaces publicitaires (s’il s’agit de la télévision, de la radio ou d’internet) et parient sur le fait que ce sont les informations les plus trash et les plus intimes qui rencontreront le maximum d’audience ; et, bien entendu, nous tous (les citoyens consommateurs) qui lisons et/ou regardons et/ou écoutons, donnant le plus souvent raison aux médias qui parient sur le fait que nous sommes des cons.
Il serait donc extrêmement hypocrite ou jésuite de dénoncer sans tenir compte de l’ensemble de ces paramètres.
Dans le cas particulier des hommes (et femmes) politiques, l’aspect choquant est le suivant : la politique est noble, la politique est au service de la démocratie, la politique ne se marchandise pas. Ce qui importe c’est la recherche, la réforme de l’Etat, Kadhafi, etc. et pas avec qui couche le Président.
Sur le principe, nous sommes d’accord. Mais là encore, comment ne pas constater que les ultimes barrières ont sauté lors de la dernière campagne présidentielle ? Tant du côté de Nicolas Sarkozy que de Ségolène Royal (et, par imitation, de la plupart des autres, y compris François Bayrou qui s’est toujours drapé dans un modèle de vertu mais qui n’y a pas été avec le dos de la cuillère lorsqu’il s’est agi de son enfance, ses paysans de parents, son tracteur, ses chevaux, son bégaiement, etc.), la vie privée a été un argument "de vente". Contraints ou forcés, éventuellement manipulés par des conseillers qui leur auront expliqué que c’est "bon pour l’image", ou tout simplement de bon cœur, nos hommes et femmes politiques ont donc définitivement basculé du côté obscur.
Concernant Nicolas Sarkozy, en outre, ce type d’étalage s’inscrit complètement dans sa politique : non l’argent, la réussite et le luxe ne sont pas un problème (à peine élu : quelques jours sur la Paloma ; en plein contexte de réforme de l’Etat et de réforme des retraites : pack fiscal et augmentation de salaire de 170%), non les accointances avec le gotha médiatico-financier ne sont pas un problème (à peine élu : Fouquet’s et concert place de la Concorde ; nomination dans les médias, à des postes clés, de proches collaborateurs).
Cet idylle très fashion, alors même qu’il a été "plaqué" voici quelques semaines par Cécilia et que sa virilité en avait pris un coup, alors même que sa nouvelle conquête est un ex-top model bien plus jeune que lui (qui plus est prétendument "de gauche"), alors même qu’on lui prêtait déjà d’autres liaisons, s’annonce donc comme du pain béni et un joli cadeau de Noël. Pour lui bien entendu, mais surtout pour les médias et l’opinion : en France, nous avons enfin notre Kennedy ! (en mini bien évidemment ;-)
Finalement, que retenir de tout cela ? Pas grand chose, si ce n’est que la logique des médias est d’aller naturellement vers ce type d’infos. Il est peut-être exact qu’ils ne font qu’anticiper les désirs du "peuple", naturellement ignorant et naturellement curieux, naturellement demandeur de "pain et de jeux", mais avec de tels raisonnements pourquoi pas finir par proposer des exécutions en direct ? Il est évident que cela ferait une audience record.
Cela dit, que les médias cessent enfin d’être hypocrites (Le Monde, Le Figaro, Libé, aucun n’y a sacrifié : qu’ils ne nous fassent plus croire, à l’issue de ça, que ce type d’info est réservée à TF1) me paraît être plutôt sain : au moins, chacun à tous les niveaux en tirera toutes les conséquences.
1/ ceux qui seront outrés cesseront d’acheter les (certains ?) journaux et/ou de regarder la (une certaine ?) télé et/ou d’écouter la (une certaine ?) radio ;
2/ ceux qui trouvaient anormal que, par déférence, on taise la vie privée des puissants seront rassurés et ravis de constater que tout le monde est logé à la même enseigne (ou presque) ;
3/ ceux enfin qui aiment naturellement ça, en auront pour leur argent : après tout, il n’y a pas de raison que ce qui marche en Angleterre, aux Etats-Unis ou ailleurs ne fasse pas recette en France !
On voit bien la logique de l’équation : si c’est le (1) qui l’emporte, le problème peut être résolu ; si c’est le (2) ou le (3) qui l’emportent, les choses iront crescendo. Dans tous les cas, c’est nous tous, les lecteurs/auditeurs/spectateurs, qui ferons pencher la balance dans un sens ou dans l’autre.
L’autre possibilité serait que les médias (re)deviennent "humanistes" : ils pourraient, en traitant autrement l’information, tâcher de rendre chacun meilleur, le tirer vers le haut et pas vers le bas. Ils iraient à rebours de l’opinion commune, réelle ou supposée. Inutile de dire que je n’y crois pas une seule seconde.

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