Magazine Culture

Dennis Hopper et le nouvel hollywood - Cinémathèque française 2008

Publié le 01 août 2010 par Petistspavs

L'été sera narcissique ou ne sera pas. Pendant mes vacances, je m'amuse à publier à nouveau quelques billets dont le souvenir s'est imposé un peu par hasard. Loin d'un best of, je vous livre ces billets en espérant qu'ils vous feront passer un moment agréable.

Voici la dernière reprise, qui évoque une des plus belles expos vues à la Cinémathèque Française ces dernières années, tant par son contenu réel que par la somme de fantasmes qu'elle suscitait. C'était il y a plus d'un an et demi, en novembre 2008.


DHopper1

Dennis Hopper "The last movie" (1971)

Je cite l'intro de l'exposition : "Dennis Hopper est à la fois le héros et le fil rouge de l'exposition, construite à partir de nombreux extraits vidéo, de plans inédits de Dennis Hopper aujourd’hui, à Los Angeles, d’archives rares , et évidemment de ses photographies et créations at large (billboards géants, sculptures imposantes). L’originalité de ce projet étant d’y adjoindre des œuvres provenant de la collection privée de D. Hopper, qui réunit aujourd’hui des œuvres emblématiques de l’art contemporain : Warhol, Basquiat, Ruscha, Salle, Rauschenberg, Herms, Berman… Ces œuvres résonnent en écho avec la pratique artistique et cinématographique d’Hopper lui-même..."

dennis_hopper0
Cette expo relève d'une ambition large et généreuse, comme un film en cinémascope : dans un jeu de miroirs, montrer un homme dans son époque et restituer une époque à travers un homme. L'époque est celle de la colonisation des cerveaux par l'Amérique. Elle se confond singulièrement avec mon vécu, le genre d'histoire dont on connait à peu près le début et quelques points culminants, mais dont on ignore la fin.

Une fois passé l'agacement (Hopper buvant un verre de lait, Hopper faisant son lit, Hopper avec tel ou telle ...) provoqué par l'inévitable impression de narcissisme due au type même de l'exercice, c'est avec un plaisir sans frontière qu'on déambule dans l'expo Dennis Hopper et le Nouvel Hollywood. En premier lieu, j'avoue être passé à côté sinon d'un créateur de premier plan, du moins d'un témoin privilégié des événements et tendance qui font une époque comme le furent, chacun dans son style et en leur temps, Jean Cocteau et Serge Gainsbourg. Cinéaste et acteur, photographe et graphiste, peintre et créateur d'objets, écriveur, sinon écrivain, du moins écriveur et découvreur de talents et de nouveautés. L'expo est l'occasion de redimensionner l'artiste, l'homme-époque, l'époque incarnée.

Avoir vu (regardé, entendu, presque "senti") l'expo Hopper juste avant la victoire de Barack Obama fut un bonheur et une promesse. Une des photos exposées fut prise en Alabama en 1965 et montre un prêche-discours du Pasteur King, dont les combats précurseurs trouvent des correspondances et comme un écho amplifié aujourd'hui, alors que l'Amérique se reprend à épouser nos rêves. On sait que Hopper, qui votait curieusement républicain depuis Reagan, a soutenu Obama. Les choses reprennent leur place.

Pour évoquer l'événement, une interview d'Hopper, un dialogue avec Wim Wenders organisé par la Cinémathèque (je me refuse à commenter la laideur glacée du bâtiment élevé à la gloire du béton et du cinéma, séduisant comme le souffle du goulag, tout près de la sémillante locataire du ministère des finances), des photos, des reproductions, un article de Gérard Lefort sur le road movie - hors expo mais qui colle bien au sujet -, un bric à brac un peu fourni en hommage à un professionnel du dilettantisme qui a su traverser le siècle en dandy, sans se prendre les pieds dans l'absurdité de notre temps.

Affiche_Hopper_Nouvel_Hollywood

Roger Corman (cinéaste américain qui a dirigé Hopper dans The Trip) :
« Corman était le prince du cheap, il bouclait l’affaire en un week-end sans payer personne. Il ne finassait pas, la première prise était toujours bonne [rire]. C’était un type merveilleux, mais bon : quand on est allé au restaurant après le tournage, il a calculé exactement ce que chaque personne devait : "Toi, tu dois 3 dollars 50, toi tu dois 4 dollars 20…" Il avait quand même une sorte de génie à la Warhol : il ouvrait le journal et il avait dix idées de films à la minute, de quoi inonder le marché des drive-in ; c’était le but. »

(1) 51, rue de Bercy, Paris, XIIe et expo photos sur le voyage au 3, rue Cassette, Paris VIe.

Quelques shots de l'expo
images photographiées ou peintes par Dennis Hopper

DH_1963_Kennedy___Copie

L'assassinat de Kennedy

Dennis_Hopper

Andy Wahrol, par Hopper

DH_Venice_walk7___Copie

Venice Walk


Out_of_the_blue

Film Out of the Blue

billboard_factory_Hopper2

Multi Image of a Woman's Face (2000)

DH_2000_BikerCouple

Biker couple (2000)

Irving_Blum_Peggy_Moffitt_Hopper

Double_standard_61

Double Standard (1961)

DH_1965_TornPoster

Tom Poster (1965)

DH_1995_PragueStick

Prague Stick (1995)

DH_1996_SpaceTriptych

Space Triptych (1996)

Los_Angeles__Green_Door__1995

Los Angeles Green Door (1995)

Le dialogue entre Hopper et Wenders à la Cinémathèque : (en deux parties)
Les amis américains

Voir aussi :
"Hopper par Hopper", une leçon de cinéma (Cinémathèque Française)


Retour à La Une de Logo Paperblog