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Le conte de la pensée dernière d'Edgar Hilsenrath

Par Sylvie

Allemagne, 1989

Le conte de la pensée dernière d'Edgar Hilsenrath

Ce chef d'oeuvre méconnu en France a été écrit par l'auteur du Nazi et le barbier, récemment réédité par les Editions Attila.

Hilsenrath, juif ukrainien, s'est fait connaître par ses récits à la fois truculents et tragiques sur l'Holaucauste. Dans ce roman, il raconte "l'épopée" d'un autre grand massacre, celui du génocide arménien, d'une manière à la fois rocambolesque et poétique.

Car la tragédie est racontée comme un conte oriental, à la manière des Mille et une nuits : un conteur prend la parole, à l'oreille d'un vieil homme mourant, Thovma Khatisian, un orphelin naturalisé suisse, rescapé du génocide de 1915.

Il s'agit d'un conteur qui va lui raconter le conte de la dernière pensée , celle qui vient à l'esprit avant la mort. Cette pensée, c'est l'histoire de ses origines, de ses parents, paysans arméniens du début du siècle

Nous voilà alors promenés dans un roman historique où l'auteur va insérer des éléments rocambolesques à l'histoire véridique du génocide. Le conteur fait voyager son "gisant" dans l'espace et le temps pour lui raconter la meilleure histoire qui soit, celle de sa famille et de son pays.

Nous sommes en 1915 ; tout comme dans Le nazi et le barbier, Hilsenrath invente une histoire truculente dénonçant la bêtise des autorités tursques: Wartan, le père de Thovma, paysan poète émigré aux Etats-Unis est accusé à son retour d'avoir tué l'archiduc François Joseph et d'avoir ainsi déclenché par grande guerre !

Pour sauver sa famille, il accepte son inculpation et un procès va s'ouvrir prouvant la conspiration mondiale des arméniens ! Mais tout se complique....

A partir de cet événement inventé truculent, Hilsenrath crée une fresque au ton satirique habituel : des autorités turques vues comme des pantins, tel Ubu roi, des scènes paillardes à n'en plus finir...

L'auteur réalise un véritable chef d'oeuvre : tout en racontant fidèlement la tragédie, il renoue avec la grande tradition poétique du conte oriental ; le conteur magnifie les traditions paysannes et religieuses du peuple arménien dans une très belle symphonie pastorale. De multiples personnages hauts en couleurs, comme cette guérisseuse qui réveille les morts et ce vieillard qui s'invente ses origines.

Un roman qui mêle à la fois l'imagination la plus folle au témoignage historique.

Indispensable !


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