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Les Fables de Jean de La Fontaine (1621-1695)

Par Alexandra

60 Jean de La Fontaine Les fables de La Fontaine sont en général une réécriture de fables latines ou grecques écrites en prose. La Fontaine les retranscrit en vers. Comme beaucoup d'écrivains, La Fontaine utilise la brièveté dans un récit théorique. Les Fables de La Fontaine sont le fruit d’un travail colossal. Elles sont composées de trois recueils et douze livres. Leur publication s'étend sur un quart de siècle (1668-1694) et leur composition sur plus de trente années. Recueils de petits poèmes en vers libre comportant une morale, ici il s'agit comme souvent dans les fables d'un récit fictif où La Fontaine utilise des animaux pour corriger les défauts humains. Chaque récit inspire une morale.

Le loup et le chien présente deux modes de vies opposées, celui du loup qui est libre et celui du chien qui est lui au service de son maître, reprenant ainsi une thématique identique à celle des Anciens (l’opposition entre l'esclavage et la liberté).

L’art du récit

- La fable est dynamique (que des actions) et théâtrale car elle met en scène deux animaux (symbolique, allégorique)
- Vers hétérométrique : les vers de mètres différents (alexandrin, décasyllabe, octosyllabe) entraînent une diversité.
- Variété ; souplesse, plaisir > rimes croisées, plates, embrassées. Cela fait plus « naturel » et « vivant »
- Temps : utilisation du présent de narration, qui rend le récit plus vivant, et de l’imparfait pour les actions longues et durables.
- Les animaux sont personnifiés : utilisation des Majuscules
- Les paroles des animaux sont rapportées au style direct, ce qui confère de la vivacité au récit.

Etude des animaux et du Monde humain

Les deux animaux protagonistes, le chien et le loup, sont à la fois proches et opposés. Le loup sauvage opposé au chien. Il y a également l’opposition de la liberté à la servitude.

Le chien (l'Ordre)

- Plan physique : fort, beau, gras, poil luisant. C’est un colosse car c’est un Dogue, « gras » >> grosseur de ce chien, puissance.
- Plan psychologique : dans son tort et peut-être sur la défensive, d’où sa politesse. On remarquera le double sens du mot poli.
- Image d’une personne asservie ; « bourgeois »
- Quatre adjectifs pour décrire (puissant, beau, gras, poli).
-
La Fontaine emploie le champ lexical de l’argent pour le caractériser.
-
Le chien parle beaucoup, il a la parole, le pouvoir. Son discours exprime son autosuffisance, son auto-satisfaction. Il est imbu de lui-même.

Le loup (la Liberté)

- Il est puissant mais très affaibli, squelettique. La cause de sa maigreur : à cause des chiens.
- Allitérations en [q] et [k], sonorités dures, qui reflètent la dureté du loup. Le vers 5 « L'attaquer, le mettre en quartiers » montre son agressivité, son envie de tuer. Cependant, cette idée s’oppose à la réalité concrète « Mais », vers 7.
- Champ lexical de la guerre : « s’attaquer », « bataille », « se défendre », « l’épée ».
- « Sire loup » > aristocratie ; changement de discours (peur), le loup est flatteur envers la graisse du chien, très aimable sonorité douce / étouffée.

Interventions de l’auteur

- Prise de position envers le loup. Nous connaissons les pensées du loup, pensées internes. L’utilisation du mot « Sire loup » favorise le loup.
- La parole du chien est privilégiée mais le loup aura le dernier mot.
- Personnification, prosopopée (faire parler des animaux) ; il éprouve les sentiments des animaux, qui débattent sur le sujet de la liberté.

L'enseignement moral de cette fable

La servitude

- Le chien est attaché et dépendant du maître pour sa nourriture et son affection. Il appartient au monde des domestiques, de la servitude.
- Confort matériel, le chien incarne les cours serviles qui
obéissent aveuglement au Roi pour obtenir des faveurs, des récompenses.
- Le chien est vaniteux, a des préjugés, il est borné, donnant deux conseils au loup « quittez le bois » ; « suivez-moi », suivis de leurs conséquences. Le travail du chien est minimisé par l’énumération de 3 verbes à l’infinitif : donner la chasse, flatter, complaire. Un chiasme (« Flatter ceux du logis, à son Maître complaire ») insiste sur la nécessaire flatterie dans travail. Ainsi
, La Fontaine dévalorise le travail du chien

La liberté

- Le loup est libre, il va où il veut. Il est valorisé par l’emploi de « Maître Loup ».
- Le loup est diplomate intelligent, le loup représente celui qui sait rester lui-même, qui sait conserver son indépendance. Le loup est surpris des conditions de vie du chien : détail anormal, il est inquiet et se questionne. Le chien est gêné, il évite de répondre, il minimise.
- La liberté est un trésor, le loup est affligé par le mot « attaché ».

Morale : Mieux vaut vivre affamé qu’attaché !

Conclusion
 Cet apologue est fondé sur un dialogue qui laisse au lecteur tirer lui-même la morale. Le plaisir que le lecteur éprouve à sa lecture tient à la réelle modernité de ce poème hétérométrique de 41 vers. L'argumentation du chien échoue puisqu'il néglige les contraintes liées à sa servilité et il insiste trop sur les avantages purement matériels. Il manque de tolérance vis-à-vis des autres modes de vie. Le loup reste fidèle à sa nature et opte pour la liberté, même si La Fontaine laisse deviner sa préférence pour le loup, mais il ne nous impose pas son choix afin de rester tolérant.
La Fontaine dénonce les mœurs de son temps et l'attitude du roi. Ainsi, dans la fable Le loup et le chien, à travers le personnage du chien il condamne l'attitude des nobles qui sont serviles vis-à-vis de leur maîtres.

60 Fables Jean de La Fontaine

La génisse etc …

La source de la fable se trouve chez Phèdre (I,5) : « La Vache, la Chèvre, la Brebis et le Lion », et est très proche par sa conclusion du «Loup et l’Agneau». Il s'agit ici d'une des fables les plus courtes, faisant 18 vers. Il a le souci d'appeler ses fables par un autre nom « Apologue ». Cette étude permet d'analyser la fable vers par vers.

Moralité : la raison du plus fort est bien sûr la meilleure. Dans « Le Loup et le Chien », le loup ne voulait aucun maître. Dans la pièce présente, "la génisse, la chèvre et la brebis" acceptent la protection d’un maître, ce qui est loin d’être un gage pour une vie meilleure. Le début de Phèdre exprime la moralité de la fable de La Fontaine : "L'alliance avec un plus puissant n'est jamais fermement assurée." Toujours la méfiance au Roi et la critique de sa façon de traiter les faibles par La Fontaine (1er vers : il y a un seul ajout par rapport au titre « leur soeur », ce qui crée un lien de consanguinité qui signifie que les 3 animaux sont de mêmes espèces, 3 animaux femelles, herbivores et pacifiques)

Vocabulaire :

Firent société : s’associèrent.

Le gain et le dommage : Les pertes et profits.

Les lacs : lacets tendus sur le passage du petit gibier pour le piéger par étranglement. (cs ne se prononce pas)

Par ses ongles compta : le lion compte sur ses griffes. Ongle ou griffe du lion l’un et l’autre se dit. » (Richelet)

Je m'appelle lion: Voir Phèdre (I, V) « Je prends la première part parce que je m’appelle le Lion. »

Me doit échoir : doit m’échoir.

Je prétends: Je revendique, je réclame.

Tout d'abord :Immédiatement.

Argumentaire :

Les 3 derniers vers rassemblent à eux seuls les deux arguments : la vaillance « le plus vaillant » et la menace de la violence «Je l'étranglerai tout d'abord ». La vaillance reste un concept flou, le Lion n'ayant rien fait pour capturer le cerf. La vaillance oppose terme à terme des animaux plus que pacifistes et d'un autre côté un animal carnassier.
Le dernier argument semble être une pure et simple conséquence du second. En effet, c'est la mise en application du droit du plus fort. La encore, le caractère abrupt de l'action qui est envisagé au futur est renforcé par la cassure rythmique de l'octosyllabe final.


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