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La filiation - Café littéraire (Les Correspondances)

Par Venise19 @VeniseLandry
La filiation - Café littéraire (Les Correspondances)Ce Café littéraire “La Filiation” avec Monique LaRue, Jean-François Beauchemin et Jean Barbe m’a laissé une forte impression et cela, toujours sans papier et sans crayon.
Danièle Bombardier avait à cœur que Monique LaRue fouille les liens de filiation de ses personnages, le père, la sœur, les deux frères si différents qu’ils se détestent, l’œil de l’immigrant juif. Et l’auteure d’expliquer chaque détail, avec plus de mots que pas assez. Ce qui me laisse conclure que rien n’est laissé au hasard dans L’œil de Marquise, chaque choix est pensé, évalué, analysé même. Son auteure a la parole facile, réfléchit beaucoup et sait quoi répondre quand on lui demande pourquoi un livre politique amenant le paLa filiation - Café littéraire (Les Correspondances)ssé du Québec au présent. La question politique revenant souvent sur le tapis, elle finit par préciser que c’était plus un roman social que politique. Je ne me souviens pas des arguments qu’elle a apportés mais dame Bombardier a cessé de l’affubler du qualificatif « politique ». Monique LaRue a quand même déclaré trouver nécessaire d’écrire un roman « je me souviens ». Je retiens les compliments de Jean-François Beauchemin sur son style, duquel il a dit qu'il faisait penser à celui de Gabrielle Roy ... Pas à moi, pas du tout ! Mais enfin, à chacun ses opinions. Je retiens de cela la belle générosité de celui qui ne se sent pas en compétition avec l'autre.
Jean-François Beauchemin s’est fait discret ou bien mon impression vient du contraste avec les deux personnalités La filiation - Café littéraire (Les Correspondances)qui l’entouraient ? Deux personnalités, plus un chien. Je l’ai peu entendu, mais vu beaucoup. Il habite chaque instant de sa vie, comme il habite chaque virgule de ses textes. Je me souviens de peu de questions, à part celles sur le deuil de sa mère, le thème du dernier opus de la trilogie « Aujourd’hui, s’envole ma jeunesse » et celles tournant autour de la motivation à écrire de l’autobiographique. Le qualificatif « pudique » a été rajouté à deux reprises par l’auteur, qui y tient, et je le comprends, cette écriture intime qui réfléchit ses ressources intérieures n’a rien à offrir aux férus de sensationnel.
Un extrait a été lu, un très beau passage sur un chien dans un cimetière où se dégage une vague tranquille qui apaise le vague de l’âme. L’extrait tombait dans mes oreilles et je regardais le chien de Jean Barbe s’approprier de sa liberté en courant sur la pelouse.
Jean Barbe était en forme. À chaque fois qu’il a pris la parole, ses mots résonnaient forts. Il a parlé de son père, nouLa filiation - Café littéraire (Les Correspondances)s a fait des confidences sur son émotion face à l’absence du père qu’il a senti dès l’âge de cinq ans. Père remplacé par rien de moins que les livres où il a puisé du paternel. Les livres, des compagnons, des êtres chers qui ont remplis des creux de sa vie. Il a bien sûr parlé du « Travail de l’huître » ; comment naît un personnage invisible, donnant ce roman philosophique fouillant cette notion poussée dans ses extrémités ; comment vivre si on ne reçoit rien de l’extérieur ? Ce personnage invisible, en chair de vie, en fait l’expérience pour nous. Arrive-t-on à donner, quand on ne reçoit pas ? Il a parlé d’un livre instinctif où les choix n’ont pas été filtrés par le rationnel mais tout de même solidement ancrés par les fils de la technique, par exemple « faire saigner celui qui l’approche » est une astuce pour le garder coupé du monde.La filiation - Café littéraire (Les Correspondances)
Chez Jean Barbe, il y avait ces propos posés, concentrés, et il y avait son chien fier et fou, dérangé d’être confiné à s’affaler sur l’estrade, sous un toit de terrasse quand l’herbe attendait ses gambades.
Pour conclure, je n’oublierais pas de si tôt la question d’une participante du Club de lecture d’Eastman à Jean-François Beauchemin. Cette dame lui demanda sur un ton à la fois tendre et indigné « Comment se fait-il que je ne vous reconnais pas dans votre roman « Le jour des corneilles » ? Je vis alors Jean-François se pencher vers la dame, s'allumer, et lui expliquer. Beau moment.

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