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Propaganda, acrobat

Publié le 12 août 2010 par Onarretetout

propagandaLe Théâtre de la Cité Internationale, à Paris, accueille jusqu'au 15 août, une troupe de cirque australienne dans le cadre de Paris Quartier d’Eté. Un choc.

On sait, avant de venir, par le titre (Propaganda), que le spectacle porte un message, mais la force de ces acrobates tient à la cohérence de leur discours, que le slogan nous amuse ou qu’il nous agace.

Tout est brut : la musique, la lumière, le décor, les costumes. Rien ne distrait le regard du spectateur de l’essentiel : des corps viennent défier la pesanteur et les lois de l’économie et du travail.

Les corps qui s’acharnent pour réussir leurs tours de force, dans une sorte de rivalité entre l’homme et la femme, sont voués à l’échec, à la chute, à l’incompréhension, au malheur (unhappy, unhappy, chante la femme). Les exploits dont chacun est capable, femme ou homme, au mât chinois, au trapèze, au sol, au fil, à la bascule, sous la vigilance de l’autre, sont des plus stupéfiants que j’aie pu voir à ce jour, et sans être maniéré, sans le sourire imposé des cirques à paillettes. Oui, ça peut déranger : on vient s’émerveiller et, au lieu de ça, ces acrobates, sans négliger l’humour, gaspillent un petit déjeuner pris sur le fil avant de suivre ce fil jusqu’au travail, à l’exploitation, au charbon. Les enfants, ici, participent au spectacle de leurs parents mais sans faire les mêmes exercices : ce ne sont pas des animaux de cirque. Et contrairement aux gestes heurtés du début, et malgré les invectives diffusées par la bande son, le couple s’harmonise dans un dernier numéro d’équilibre, l’une après l’autre puis ensemble, sur un vélo. Et le baiser de la fin n’a rien d’artificiel.

Mes voisins n’ont pas applaudi ; d’autres spectateurs étaient debout. Ce spectacle ne laisse pas indifférent, il n’est pas fait de simples tours mis bout à bout mais exprime une pensée qui ne tient pas uniquement dans les mots d’ordre (Sois gentil – Eteins la télé – Jardine à poil – Mange des légumes) mais se déroule tout au long de l’heure : sur la force et l’adresse, sur le corps et la nudité, sur le risque, sur la société bien sûr, sur l’amour, sur l’affection.


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