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"Djinns" méritait-il de sortir dans plus de salles ?

Par Tred @limpossibleblog

Jeudi soir je me suis engouffré au dernier sous-sol des Halles pour voir Djinns dans l’une des deux seules salles parisiennes à diffuser le film de Hugues et Sandra Martin. A l’époque où le film avait été annoncé, je n’imaginais pas qu’à sa sortie, le choix pour le voir serait restreint au cinéma du 1er arrondissement et au Gaumont Aquaboulevard, et que seuls une vingtaine de cinémas projetteraient le film dans le reste de la France. Un film de genre français avec Grégoire Leprince-Ringuet, Thierry Frémont et Saïd Taghmaoui mêlant la présence française en Algérie et le surnaturel, je ne le voyais pas finir en plein été à la limite de la sortie technique.

Alors quoi, SND, on ne croit pas au film de genre français ? On regrette d’avoir mis la main sur le film ? Est-ce donc un scandale que Djinns soit condamné à être vite oublié au milieu de l’été ? Les deux premières questions ce n’est pas à moi d’y répondre, mais je veux bien tenter ma chance sur la troisième. Est-ce un scandale ? Djinns est-il un énième film de genre français qui mérite bien plus que l’exposition qu’on lui offre ? Sur le principe, je suis pour qu’on donne un coup de pouce au cinéma de genre hexagonal. Il est en général bien trop mal traité par les distributeurs et les spectateurs, ne nous voilons pas la face, pour ne pas l’encourager et le faire exister, même s’il n’est pas toujours à la hauteur des attentes que l’on peut placer en lui.
Malheureusement, après avoir vu Djinns, je n’ai pas particulièrement envie de gueuler « Merde, un super film fantastique français piétiné par son distributeur !! Bande de gougnafiers !! ». Non, honnêtement, je n’ai pas envie de hausser le ton (et encore moins d’utiliser le terme gougnafiers). Ce que je dois absolument reconnaître à ce premier film, c’est une maîtrise formelle remarquable compte tenu du petit budget avec lequel il a été conçu. En d’autres termes, Djinns a de la gueule. Visuellement, le film n’a pas grand-chose à envier aux productions américaines réalisées avec des dizaines de millions de dollars de plus. Les décors sont soignées, la photo est belle, il n’y a pas, techniquement, de laisser-aller.
Mon problème avec Djinns, c’est que je n’ai pas grand-chose de plus à dire pour soutenir le film. J’aimerais dire qu’il est mystérieux, haletant, flippant, étonnant, intrigant, détonnant. J’aimerais pouvoir utiliser n’importe lequel de ces adjectifs, mais j’en suis bien incapable. Djinns est une belle coquille vide. Pour attiser le spectateur potentiel, on pourrait dire que le film prend place en Algérie en 1960. Qu’une section de militaires français est chargée de partir explorer le désert pour retrouver un avion porté disparu, et que sur le chemin du retour, ils tombent sur des créatures fantastiques décidées à causer leur perte. Oui, on pourrait le présenter comme cela.


Le problème, c’est qu’à l’écran, on est loin d’avoir un film aussi excitant qu’on l’attendait. Les réalisateurs semblent n’avoir rien à raconter. Le contexte algérien est-il intéressant ? Non, il n’est pas du tout exploité (non non, même cette fin-là ne donne pas un film sur l’Algérie). L’intrigue fantastique est-elle prenante alors ? Pas plus. Le temps est long, entre deux trois répliques bien trouvées. Le fin mot de l’histoire est prévisible, les créatures ne font pas peur, (rien ne fait peur en fait), il n’y a aucune tension, aucune empathie pour les personnages, qui sont tous des caricatures sans surprises (il y en a même un dont on ne sait pas ce qu’il advient en cours de route…). Rien. Le scénario avance sans que l’on se prenne jamais de passion pour l’histoire qui nous est racontée, sans que l’on frissonne jamais devant le danger encouru. Au bout du compte, la question se pose. Que voulaient faire les réalisateurs avec Djinns ? Car là je ne vois pas, le film ne marche à aucun niveau. Aucun genre abordé ne fonctionne. En plus les réalisateurs laissent Thierry Frémont partir en roue libre, et ça, ce n’est jamais bon…


Je crois au mélange des genres. Je crois dans le cinéma de genre français audacieux, sachant faire coexister du fantastique et de l’historique. Je crois en Hugues et Sandra Martin, qui montrent de belles aptitudes à mettre en image. Mais je crois aussi que Djinns est un film raté dont le scénario n’est pas le moins du monde à la hauteur de ses qualités visuelles. Il faudra aux réalisateurs se remettre de l’échec programmé du film, et s’appuyer sur un scénario plus solide pour leur second. Rendez-vous est pris.


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