Le cercle des tueurs

Belfort, novembre 2005, au milieu de la forêt de Roppe - Les gars, ça a été super, s’exclama William. Le jeune garçon était installé à califourchon sur un vieux pneu crevé, tenant dans sa main droite une canette de bière. Les autres étaient assis autour de lui, dans la cabane et attendaient anxieusement que leur chef leur raconte comment cela s’était déroulé. - Alors tu l’as vraiment fait ? Interrogea Fabrice, avec une expression de profonde stupéfaction. - Ben oui, tu en doutais ? Répliqua William en lui adressant un grand sourire. - Non, pas vraiment, bredouilla Fabrice. William sortit son paquet de cigarettes de la poche de son blouson. Il prit tout son temps, pour en extraire une, et pour l’allumer, car il savait que pendant ce temps, les autres ne perdaient pas une miette de ses gestes, attendant impatiemment la suite, et cela l’excitait. En cette seconde, il se sentait exister. Il tira une longue bouffée, et s’appliqua à faire des ronds de fumée. Incapable d’attendre plus longtemps, Thomas demanda d’une voix surexcitée : - C’était comment ? - Trop la classe, il n’a même pas eu le temps de réagir. Je l’attendais dans le parc comme prévu, et lui, il est arrivé avec son sale clébard. J’ai bien vu qu’il flippait un peu en me découvrant dans le parc, tout seul. Il se demandait ce que je foutais la, à une heure pareille J’ai fait mine d’être occupé en pleine conversation sur mon portable, genre le gars qui a rendez-vous avec une nana, et qui se demande ce qu’elle fout, pourquoi elle n’est pas encore arrivée. Je parlais fort par moments, comme si j’étais énervé, et que je l’engueulais au téléphone. Je faisais tout pour bien lui montrer que je ne m’intéressais pas du tout à lui. Ces adolescents sont-ils en train d’évoquer une surprise faite à quelqu’un ? C’est-ce que l’on aimerait sans doute imaginer, mais les paroles qu’il prononce peu après ne nous laisse plus le moindre doute malheureusement : - A un moment, il s‘est approché d‘un des buissons, sans doute pour faire pisser son chien, il m’avait complètement oublié, je suis revenu très vite, et je lui ai sauté dessus directement. Il n’a même pas eu le temps de me voir arriver et de réagir. Je l’ai frappé de plusieurs coups de couteaux, je sais même pas combien tellement c’était l’éclate. Je l’ai tué, ce salop. Les yeux de William étincelaient d‘un mélange de joie et d‘excitation. - Il n’a rien dit ? S’enquit Fabrice. - Il n’a pas eu le temps, répondit William, en tirant une longue bouffée sur sa cigarette. - C’est mon tour alors ! - Oui, on va mettre tout au point aujourd‘hui, et tu vas voir, toi aussi, tu vas trouver ça super. L’horreur a en effet commencé : une bande d’adolescents a décidé de tuer, et ils ont mis les choses au point dans les plus petits détails. Mais qui sont ces adolescents ? Comment choisissent-ils leurs victimes ? Pourquoi ? C’est-ce que l’inspecteur Francis Pouchard et sa jeune collègue Paula Martinez vont devoir découvrir...