Magazine Cinéma
Synopsis :
Balthazar Blake est un grand sorcier vivant de nos jours à Manhattan. Il tente de défendre la ville contre son ennemi juré, Maxim Horvath. Balthazar ne pouvant y arriver seul, il engage alors - un peu malgré lui - Dave Stutler, un garçon apparemment ordinaire qui a pourtant un vrai potentiel, pour devenir son apprenti. Le sorcier donne à son apprenti réticent un cours express sur l’art et la science de la magie, et ensemble, ces deux associés improbables vont tenter de stopper les forces des ténèbres. Il faudra à Dave tout son courage, et même davantage, pour survivre à sa formation, sauver la ville et embrasser la fille qu’il aime…
Critique :
Heureusement que Disney a signé le plus gros carton de l’année à ce jour (et le probable carton 2010) avec Alice aux Pays des Merveilles car on ne peut pas dire qu’avec L’apprenti Sorcier et Prince of Persia, la firme de Mickey soit rentrée dans ses frais. Tiens, étonnant, ces deux dernier films sont des co-productions Jerry Bruckeimer, faut-il voir un mauvais signe pour Pirates des Caraibes 4 l’an prochain, peut-être. En tout cas, le fait est qu’à force de faire des scénarios qui tiennent dans la paume de la main, le public fini par comprendre qu’on se fou un peu de lui. La preuve, Inception et sa complexité qui aurait pu rebuter le public français signe la deuxième meilleure performance de l’année, bref.
L’apprenti Sorcier est donc une adaptation très libre de la base qu’il était possible de voir en regardant le dessin animé Fantasia sorti en 1940. Libre car lorsque l’on compare, il n’y a bien que le principe maître-apprenti sorcier qui a été gardé dans le film de Jon Turtletaub ainsi qu’une scène clin d’œil évidente.
Pour le reste, c’est du 100% inventé, enfin, écrit, car pour l’originalité, on repassera. S’il demeure un blockbuster estival assumé, L’Apprenti Sorcier étonne par sa non imagination dans le déroulé de l’histoire. En empruntant une ligne scénaristique ultra simpliste, les scénaristes ont surement voulu se mettre dans la poche un public peu regardant. En regardant l’affiche et le synopsis, il est possible de trouver tout le fil de l’histoire puisqu’aucun risque ne va être pris, choix bien regrettable. Il y a donc le maitre qui va trouver son apprenti (qui refusera de l’être il va sans dire, se jugeant incapable), ce dernier aime une fille depuis l’école, évidemment le méchant veut détruire le monde, et seul l’apprenti peut le détruire.
Tout l’intérêt du film réside dans la manière relativement efficace de dérouler cette simpliste histoire grâce évidemment à un Nicolas Cage plutôt convainquant en disciple de Merlin ainsi qu’à la bonne bouille de Jay Baruchel et son air de ne jamais savoir pourquoi il est là. En revanche, Alfred Molina (qui devait avoir un contrat avec Disney) nous sort un jeu poussif bien éloigné du talent qu’on lui connait alors que Monica Belluci sert juste à ajouter son nom au générique de fin, son rôle étant d’une inutilité absolue. Bien que peu nombreuses, les scènes d’action arrivent à dynamiser le film, notamment lors d’une course poursuite dans les rues de New York à base de voitures de sports et de magie évitant la monotonie de la rationalité.
Avec la traditionnelle et naïve histoire d’amour en trame de fond, le film vise ici clairement un public jeune, entre enfants et adolescents qui ne manqueront pas de rire de quelques blagues bien calibrées pour eux et d’être touchés par des répliques d’une profondeur…abyssale (« copine ou petite copine…hihihi ») Ceci étant, quelques références salvatrices (Star Wars, 2001 l'Odyssée de l’espace, Depeche Mode) viendront tirer le sourire chez les plus âgés, montrant ainsi que Bruckheimer cherche à ratisser large.
A ce spectacle correct, il manque malgré tout un coté « impressionnant » que l’on retrouvait dans Pirates des Caraïbes par exemple avec une sorte de folie démesurée. Avec les sorciers les plus forts de l’histoire, on aurait été en droit d’attendre un combat digne de ce nom qui ne viendra malheureusement jamais. La fée Morgane, la « grande » méchante de l’histoire se verra réduite en cendres avant même d’être revenue à sa force initiale ce qui limitera en toute logique le potentiel destructeur d’un combat contre elle.
Au final, l’Apprenti Sorcier reste dans les rails bien établis du style Bruckheimer : On a une ligne directrice simple et on n’en déroge jamais. Le film avait ici une vocation évidente de divertissement rentable (raté) en oubliant une partie du potentiel évident qui se dégageait d’une telle histoire. En abaissant son exigence qualitative, on saura apprécier le film à sa juste valeur, c'est-à-dire celle de divertir « la masse » sans trop se prendre la tête ni être trop regardant qualitativement.