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Impressions de voyage : dimanche 13 juin 2010 : Reims imaginaire et réel

Par Memoiredeurope @echternach

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Je vous invite à faire de même : savoir inventer la ville que vous visitez ! J’ai déjà eu l’occasion d’écrire depuis Reims il y a un an en avril – trop brièvement certainement – du grand parcours de solidarité Europa Compostela qui, en cheminant vers Saint-Jacques de Compostelle de relais en relais,a commencé dans les neiges de la Norvège en février avec des skieurs valeureux et dans le soleil de Rome en avril avec deux futurs mariés, pour se terminer le 18 septembre prochain dans la capitale de la Galice. 

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En plein milieu de mois de juin, j’avais accepté d’aller dire quelques motset accompagner pour un après midi ceux des pèlerins qui venaient de Canterbury, ou du moins ceux qui avaient tenu le bourdon venu d’Angleterre, avant de le transmettre à ceux qui s’étaient chargés de le porter jusqu’à Besançon.

A Reims, l’arrivée des marcheurs devait se prolonger par une visite de la ville, suivie d’un passage par la cathédrale, d’un pot du pèlerin au champagne, cela va de soi, avant un dîner amical.Mais même dans un parcours qui célèbre un vrai partage à l’échelle de l’Europe, puisque vingt mille kilomètres auront été parcourus par ces bâtons merveilleux, il est bon d’insérer des expériences, de faire naître le ludique et de flirter avec la mystification.

Saviez-vous que Reims est la ville la plus appropriée pour raconter la légendede Charlemagne et des quatre fils Aymon ? 

On se souvient sans doute que les fils du Duc Aymon étaient prénommés Renaud (cousin apparenté dans les récits avec le Roland furieux – et amoureux - de l’Arioste), Guichard, Alard et Richard et qu’ils possédaient un cheval unique connu sous le nom de Bayart. Livre d’histoire un peu jauni !

Leursexploits et le terrible appel à la vengeance que prononce sur eux Charlemagne se déroulent il est vrai majoritairement en Ardennes, mais également à Montauban dans le Tarn-et-Garonne. Renaud a – au sens propre - tué un neveu de l’Empereur aux échecs en lui lançant une pièce qui l’assomme.

La vengeance se comprend donc bien dans un contexte où la tête et les jambes comptent autant que l’épée et où la vendetta remplit une dette d’honneur.

Que Bayart, cheval doué de pouvoirs magiques, ait aidé les quatre frères à fuir et à se réfugier sur la Meuse au château de Montessor, ne fait que dorer la légende de plus d’éclat. D’autant plus que les paysages sont encore marqués du grand saut du cheval magique depuis une falaise surplombant le fleuve !

La légende dorée a, de fait, voyagé de pays en pays, tandis que Roland, triple figure dans les entours de Charlemagne, neveu sacrifié dans cette vallée de Roncesvales chère aux pèlerins de saint Jacques et combattant les maures auxquels il succombe par traîtrise, transformé par la beauté de la poésie italienne en personnage de révolte et libérateur, mais aussi devenu par sa parenté avec Renaud Aymon un ange maudit poursuivi par un anathème, se trouve statufié aussi bien à Dubrovnik qu’à Brême, dans le grand écart Nord-Sud-Est-Ouest des racines européennes.

Comme on le voit les figures se superposent, créant la confusion et le doute, dans un effet de miroir négatif, tandis que les romans de chevalerie arthuriens croisent les paladins carolingiens, avant de trouver leur parodie solaire avec Cervantès.

Il n’y a donc de ce fait aucun inconvénient à faire vivre le légendaire ardennais et tarnais à Reims, d’autant plus que l’on ne quitte pas une Région elle même double, Champagne / Ardennes, ni le cheval ardennais dont la race ancienne méritait qu’on la protège et pas uniquement parce qu’il descend de Bayart.

C’est donc avec fougue que Noël Orsat, qui rêve de compléter la Via Carolingia par une route des légendes de Charlemagne qui rejoigne Aix-la-Chapelle depuis la Meuse, a entraîné les pèlerins dont je faisais partie dans le lacis rémois en trouvant les étapes du récit là où la « confusion des temps » rejoint la « composition française » de notre enfance ; enfin la mienne.

Pseudo jeu d’échec dans le parc qui jouxte le « Manège », scène nationale installée dans un manège pour cavaliers et chevaux, se poursuivant en calèche ardennaise jusqu’à la porte romaine où se sont croisées l’espace d’un moment la Via Francigenaet la Carolingia, pour se terminer sans chevaux dans la redécouverte de l’éternelle cathédrale régulièrement blanchie et restaurée, où les vitraux de Marc Chagall jouxtent ceux de Brigitte Simon et Charles Marq et accueillent le recueillement des pèlerins.

Jeu d’échec et jeu de piste !

Si j’écris depuis plusieurs jours sur les espaces de vacuité ; il faut aussi que j’écrive sur les espaces en trompe l’œil.

Voilà qui est fait !

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