Un vieil homme est assis depuis plusieurs jours sur le banc d’une place, sans bouger, sans parler, sans manger. Personne ne le connaît et Sophia, la jeune serveuse du bar d’en face, l’a pris en pitié et fait tout pour le faire manger et parler mais en vain. Frias, un client policier, lui vient en aide, sans plus de résultats. Chacun a de gros soucis dans sa vie personnelle mais s’occuper de cet inconnu les rend plus heureux. Bientôt l’homme sans nom est conduit à l’hôpital psychiatrique tout proche où vient d’être nommée Elena, une nouvelle doctoresse au passé très douloureux , connue de tout le personnel de l’endroit comme la folle légendaire sauvée dans sa jeunesse par le directeur de l’établissement. En réalité, grâce à elle qui sait écouter et grâce à l’acharnement de la jeune serveuse, les recherches pour découvrir l’identité du vieil homme se poursuivent et une chaîne d’amitié, très ténue, se forme entre tous ces êtres malheureux et désenchantés…
Hier,la fille du bar de la place lui a apporté un paquet contenant de la nourriture. Aujourd'hui, quand la vieille est arrivée, il avait encore le paquet à la main. La fille lui jette parfois un coup d'œil en passant entre les tables. Dès qu'elle le peut, elle traverse la rue et s'approche. Elle veut vérifier ce qu'elle soupçonne: il n'a pas touché à la nourriture.
Le titre du livre fait référence à la pièce du fond du jardin dans la maison louée par la jeune psychiatre. Elle est toute encombrée de meubles et de vieux papiers dont les jeunes héritiers ne veulent plus. Elena est de celles qui prend soin de tout ce qui traîne autour d’elle, les blessés et les laissés pour compte de la vie, objets ou individus peu importe, avec ou sans nom, jeunes ou vieux, bons ou mauvais, déviants ou pas. Elle a fait le choix de soigner tous ceux qui ont besoin d’elle, voilà tout. A l'hôpital aussi elle est dans la pièce du fond!
Il s’agit du deuxième livre de cette romancière argentine qui enseigne la littérature et écrit de la poésie.
J’ai bien aimé ce récit aigre-doux, fait surtout de dialogues très courts et d’une suite de personnages très quotidiens et parfaitement bien cernés avec leurs malheurs trop lourds et leurs efforts pour une vie meilleure.. Les gens malheureux se méfient des mots qui ravivent leur douleur mais difficile de les quitter quand se ferme la dernière page! Un beau roman qui fait du bien au moral. même si la fin n'est pas aussi heureuse que je l'espérais!
La pièce du fond de Eugenia Almeida
(Editions Métailié, avril 2010, 200p)Titre original : La pieza del fondo.Traduit de l’espagnol (Argentine) par François Gaudry