Les larmes de Tarzan

Les larmes de Tarzan

de Katarina Mazetti

Editeur Actes Sud - Collection Babel

Octobre 2009 - 276 pages

"...ça fait tellement longtemps que je n'ai pas touché la peau d'un homme que je ne me rappelle même pas comment on fait.

- Ces choses-là ne s'oublient pas, elles sont imprimées dans la moelle épinière, a dit Jenny. C'est comme le vélo... ça monte, ça descend. Ou ça entre, ça sort, si tu préfères. Le tout, c'est de bien tenir le guidon..."

Il s'appelle Janne, vraiment.

Elle s'appelle Mariana et comme elle lui est rentrée dedans depuis un arbre la première fois qu'il l'a vue, il l'a surnommée Tarzan.

Elle n'est pas vraiment jolie, plus tout à fait jeune, avec des sourcils qui n'ont jamais croisés une pince à épiler et un entre-jambe qui ressemble à un cabas d'où sortiraient des salsifis. Bref, pas le type de nana qu'il fréquente habituellement, plutôt genre mannequin lingerie, avec des yeux de bébé phoque et un QI impossible à établir.

Mariana, en plus, elle a deux gosses, des fins de mois difficiles qui commencent déjà le 5 du mois, un mec qui a disparu dans la nature et qu'elle continue d'attendre parce qu'il est juste un peu fou et qu'il revient toujours.

Alors, Janne le beau gosse, dans sa rutilante Lamborghini, avec ses lunettes Armani, son costard et sa carte Gold prend conscience qu'il existe un autre monde que le sien, plus réel, sans artifices, où on parle vrai et qu'en plus... va t'en savoir pourquoi... il adore ça !

Mais comment ces deux-là vont-ils pouvoir s'apprivoiser et s'aimer ? On ne mélange pas les torchons et les serviettes et pourtant quand ils sont posés l'un sur l'autre ils peuvent, parfois, former un très joli ensemble...

Voilà une lecture franche et directe, qui parle du quotidien difficile des mères célibataires, du combat pour manger, pour offrir une vie décente à leurs enfants envers et contre tout.

J'ai tout aimé dans cette lecture, les paroles comme des uppercuts, les différences sociales qui peuvent parfois étouffer une relation naissante dans l'oeuf, la fierté qui oblige à refuser la pitié ou l'aide, l'amour qui surprend là où on ne l'attendait pas du tout.

J'ai adoré Janne, parfait Golden Boy à qui tout réussit mais qui ne sait pas ce que c'est que d'aimer, qui a tant d'argent qu'il ne sait comment le dépenser, ni pour qui, ni pourquoi. Dont la vie est d'une tristesse effrayante, dans sa splendide maison aux meubles design, où ne résonne que le vide lamentable de son existence.

J'ai apprécié que la parole soit donnée aux enfants dans certains chapitres, passant du rire aux larmes.

Mariana est une femme forte malgré la misère, qui arrive avec deux bouts de ficelle à faire un arc-en-ciel pour ses marmots, malgré la vie qui ne lui apporte rien et lui enlève tout, elle a du répondant, un charme fou et ses paroles sont touchantes, criantes de vérité.

C'est un conte de fée moderne bourré d'humour dans lequel tout ne finit cependant pas comme on le voudrais, comme dans la vraie vie quoi...

Mon improbable casting :

Il y a de quoi faire une comédie romantique un rien déjantée avec :

Janne - Ashton Kutcher