Jeudi 12 aout, 20h30.
Après une petite heure passée au Marseillais, place du Jeu de Balle, où Fanny tentait, désespérément, dans le cadre des "Soirées Cerises" de
capter l'attention d' un public dissipé et peu respectueux de sa prestation, assez laborieuse il est vrai, je décide de me diriger vers le "Bar du Matin" où le programme annonce ce soir, à 21h, un certain Chazam .
Enormément de monde attablé à la terrasse de cet endroit branché. Je me faufile entre les tables et les accros au bar, direction l'arrière salle où le staff organisateur
s'occupe des derniers préparatifs.
On pousse les tables et on laisse de la place pour que le public puisse bien profiter du show de l'artiste.
Dadaïst /Glam/funk qu'ils annoncent sur leur folder, on verra bien.
Sur scène, une mandoline électrique, un synthé analogique, un pc, quelques instruments iconoclastes fabriqués par l'artiste comme cet organfingers et à l'arrière un écran sur le quel seront
projetés de petits films pendant le spectacle.
Je prends place sur un tabouret au bar et le temps de commander de quoi se désaltérer voici Chazam qui ouvre les hostilités.
Vêtu d'un costume sobre et cravate chamarrée sur jean foncé, David Chazam s'installe sur un tabouret et lance "Fanfare", suivi de "Rivière". Assez inattendu pour l'auditeur qui le découvre, le
style de Chazam déroute au début pour, petit à petit, devenir irrésistiblement humoristique et passionnant par sa créativité.
Bidouilleur génial,le bordelais nous entraine dans ses délires via des morceaux pop-électro géniaux comme 'Rabbit for ever', 'You are ma jorette', 'No Hell', reprenant des classiques du rock
qu'il estropie génialement comme ce ''La Cuenta al Reves " hilarant de bout en bout et qui n'est autre qu'une adaptation dance-electro en espagnol du "The Final Countdown" de Europe.
Idem pour 'Eye of the Tiger' de Survivor ( la BO de Rocky) méconnaissable et chanté en français dans une version délirante.
Le public est conquis et de plus en plus de monde se presse dans l'arrière salle.
Chazam a la pêche et le jeune homme( faussement Bcbg) du début du show fait place à un showman presque hystérique, habillé d'une combinaison kitsch jaune et noir qui s'en ira danser sur les
tables allant jusqu'à baisser son pantalon et offrir, pendant quelques instants, la partie la plus charnue de son anatomie au regard de l'assistance.
Les gens sont pliés de rire et cette musique atypique, électro minimaliste accompagnée par des projections de films hilarants, montrant au public comment accompagner Chazam par des chorégraphies
délirantes, fait mouche.
Ca pourrait être pathétique, ça en devient génial !
Un morceau baptisé "St Nikola" permettra à 2 choristes improvisées de rejoindre le maître de cérémonie pour une version apocalyptique qui n'est pas sans rappeler le style de Philippe Katerine et
son Louxor.
"Space Killer" et son rythme punk/techno/funk clôturera un gig absolument jouissif d'un artiste alternatif, hyper inventif dans une ambiance de fête dont chacun ressort avec la banane .
Une très bonne découverte.
Dommage que sur son site, tres bien fichu et qui lui ressemble, Chazam se sente obligé de mélanger musique et politique, adoptant par ses propos la même attitude méprisante que celle qu'il reproche à ses détracteurs.
On y découvre un homme en colère, sans doute un peu aigri, pourtant son talent est indiscutable et le public de ce soir ne s'y est pas trompé.
Retenons donc de David Chazam ce côté artiste génial, créateur d'un univers musical déjanté qui ce soir nous a fait passer une soirée mémorable et que l'on reverra avec bonheur.