Magazine Politique

Visas et passeports

Publié le 15 août 2010 par Egea

Un lecteur me signale un phénomène intéressant : la multiplication des distributions de passeports en Europe.

passeports_europeens.jpg

On pense bien sûr à la distribution de passeports hongrois aux magyarophones "de l'extérieur" (cf. mon billet) ce qui pose d'évidentes difficultés pour un pays de l'UE. Mais le cas existe ailleurs :

  • La Russie, avec les russophones des pays Baltes, d'Ukraine (notamment en Crimée) et de Biélorussie, mais aussi du Kazakhstan et d'autres républiques d'Asie centrale. La Russie a distribué des passeports aux citoyens des républiques autoproclamées d'Abkhazie et d'Ossétie du sud.
  • la Serbie continue de servir des passeports aux Serbes du Kossovo, me semble-t-il. La chose est logique puisqu'elle ne reconnaît pas l'indépendance de la province, mais comme celle-ci est reconnue par un nombre croissant de pays, la question posera à terme des difficultés.
  • les pays ibériques pratiquent aussi la chose, en distribuant leur nationalité à de nombreux migrants d'Amérique du sud : c'est vrai de l'Espagne, mais aussi du Portugal. (voir ici)
  • les Roumains font de même avec les roumanophones moldaves, ou la Bulgarie avec certains Macédoniens (voir ici).

Vu de France, la chose n'est peut-être pas particulièrement exceptionnelle, dans la mesure où elle est elle-même une grande distributrice de citoyenneté. En effet, le droit du sol et la naturalisation assez facile permettent d'intégrer un nombre important d'étrangers (ce qui justifie d'ailleurs qu'à la différence de l'Allemagne, les étrangers n'aient pas le droit de vote aux élections locales : en Allemagne, ils n'ont aucune perspective de devenir allemand, même s'ils ont un projet d'établissement durable.

Il y a donc à la fois une similitude et un paradoxe.

  • La similitude tient à ce que de nombreux pays en Europe pensent à "récupérer" leurs populations éparses et transfrontalières. D'ailleurs, la France verrait tout à fait naturellement les Wallons s'intégrer à l'hexagone (au risque de le déformer lol), cf le bouquin de Zemmour. On verrait ainsi une géopolitique traditionnelle de regroupement de la tribu.
  • le paradoxe tient au cas français, qui non seulement bénéficie d'une natalité assez forte, mais continue d'accueillir des populations extérieures, même si elles ne sont pas considérées comme "liées au pays". On verrai là une autre géopolitique traditionnelle, celle du grossissement démographique comme facteur de puissance, la nationalité important finalement peu : il y aurait une logique impériale, ce qui serait savoureux de la part du pays inventeur de l'État-Nation.

D'autres pays, à la natalité faible et à l'immigration importante, ne réagissent pas aussi bien (cf. Italie ou Allemagne voire Grèce) : est-il surprenant de remarquer leur unification récente ?

Au-delà, cette question des passeports pose la question des ressorts de la puissance : la démographie (le nombre) est-il un absolu ou faut-il le qualifier par un certain niveau d'homogénéité nationale ? mais ce serait alors poser la question des critères de cette homogénéité : débat extrêmement compliqué, à supposer qu'il ait vraiment un sens.

O. Kempf


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Egea 3534 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossiers Paperblog

Magazines