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Game Girl

Publié le 21 décembre 2007 par Vincent Gache

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Si je lis Smashou tous les jours, c'est (entre autres) parce que ce blog parle de jeux vidéo et de séries, mes deux passions. Si je suis tombée dans les séries télé toute petite, et sans trop d'obstacles, mon histoire avec les jeux vidéo a été très différente. Les Atari et autres Amstrad ont commencé à fleurir lorsque j'étais à l'école primaire, mais il a fallu que j'attende mes 15 ans pour avoir l'immense plaisir de dépenser toutes mes économies de babysitting dans une Game Boy. Pourquoi ? Je ne sais pas exactement. J'avais le sentiment qu'étant une fille, ça ne faisait pas de jouer aux jeux vidéo. Je n'ai jamais osé demander de console de jeux pour Noël ou pour mon anniversaire (en plus, ça coûtait assez cher ces bêtises). Avant l'achat de ma première Game Boy, mon expérience des jeux vidéos s'était résumée au jeu du serpent sur TO7 et à quelques jeux de borne d'arcade ou d'Amstrad chez un voisin. Je ne sais pas exactement ce qui m'a attiré dans les jeux vidéos, mais une fois mes yeux abîmés par l'écran ridiculement sombre de ma Game Boy (et pourquoi "Boy" d'abord ? pourquoi pas "Girl" ou "Boy & Girl" ?), et une fois accro à Tetris et à Zelda, mon destin était tracé, je serai à jamais une joueuse !

À l'époque, je ne comprenais vraiment pas pourquoi aucune de mes copines ne voulait s'approcher d'une console, ni pourquoi c'était une activité généralement réservée aux garçons (du moins, du point de vue de la société). Les jeux ne me paraissaient pas particulièrement inventé par et pour des garçons : Zelda, Tetris, WarioLand, Mario, sont des jeux que je considère "asexués", destinés à plaire au plus grand nombre, et pas seulement aux garçons ou aux filles.
Quand mon petit frère (de 9 ans mon cadet) a eu une Playstation pour Noël, j'ai alors pu jouer librement - et avec une passion que je n'ai jamais retrouvé depuis - à des titres comme Little Big Adventure ("Détenu Twinsen, cessez de vous agiter !"), Final Fantasy VII (la mort d'Aeris, une tragédie jamais égalée), Resident Evil et surtout, Tomb Raider.

Lara Croft était mon héroïne préférée. Oui, elle était outrageusement sexy et possédait une poitrine très avantageuse, certainement pour attirer un public masculin, mais elle n'était pas que cela, et c'est ce qui faisait la différence. Dans ses aventures, Lara Croft se montrait intelligente, sûre d'elle, décidée et indépendante. Toby Gard avait réussi à créer une héroïne sexy et qui n'a peur de rien. Une héroïne du féminisme, de mon féminisme, jusqu'au jour où le marketing et où les médias se sont emparés de ce personnage pour l'exploiter jusqu'à l'épuisement. Lorsque certains petits malins se sont amusés à la faire "poser" à moitié nue pour Maxim et avec Duke Nukem, Lara Croft est alors devenue, à mon grand dam, une bimbo de plus, une bimbo objectifiée qui n'a rien d'autre à dire que "je suis à toi et je fais tout ce que tu veux". Elle n'était plus cette héroïne intrépide, cette femme indépendante et courageuse : la Lara Croft du premier Tomb Raider n'aurait jamais posé en bikini pour Maxim… Ma Lara Croft à moi tuait des dinosaures dans la jungle et coupait l'herbe sous les pieds de tous ses adversaires. C'était une aventurière, pas une pin-up sans cervelle !

Depuis cette époque, j'ai l'impression que les jeux vidéo ont lentement, mais sûrement, régressé vers une image très misogyne. Les jeux actuels ne souffrent pas seulement d'un manque d'imagination flagrant (si je vois d'autres Spiderman 3, Shrek ou Simpson en rayon, je crois je vais pleurer), ils ne proposent plus d'héroïne marquante, intelligente, décidée. Je n'ai pas joué à tous les jeux de la terre non plus, il en existe probablement qui contredirait mon opinion, mais je parle ici de mon expérience, somme toute limitée, des jeux les plus connus et ceux auxquels j'ai pu jouer.

Pour se mettre dans la peau d'un personnage féminin qui s'affirme en dehors des stéréotypes de la société actuelle, il faut chercher. Quand j'ai joué au premier Resident Evil, j'étais ravie de voir que les créateurs avaient pris soin d'intégrer dans leur jeu une alternative au personnage masculin en intégrant une soldat du même acabit que son partenaire. Dans le IV, il a fallu que je finisse le jeu une première fois avant de pouvoir jouer avec Ada, personnage puissant, dangereux, indépendant (ou presque). Mais avant de pouvoir utiliser le super fusil-harpon d'Ada, vous devez obligatoirement jouer Leon et protéger une gamine en mini-jupe qui ne sait pas faire autre chose que de crier à l'aide. C'est frustrant, quand on est une fille, j'aime autant vous le dire. J'aurais bien aimé voir l'inverse, un soldat à la Jill Valentine (du premier Resident Evil) protégeant le fils du président des Etats-Unis. Pourquoi ne serait-ce pas envisageable ? Pourquoi est-il plus facile de faire un jeu où un homme fort et droit doit secourir une faible femme impuissante plutôt que le contraire ? Les jeux vidéos ne devraient-ils pas se montrer inventifs, originaux, créatifs ? N'est-ce pas un de leurs rôles ?

Je suis toujours déçue quand un jeu m'impose un personnage masculin.
Je ne vois pas pourquoi le héro de Halo ne pourrait pas être une héroïne. Ce n'est un personnage en armure ! Je ne vois non plus pourquoi non plus j'ai été obligée de jouer un homme dans Oblivion. Des jeux comme Prince of Persia ou Assassin's Creed pourraient très bien s'adapter et proposer des héroïnes. Oui, je sais, ça s'appelle Prince et pas Princess of Persia, mais enfin, pourquoi n'avons-nous pas davantage d'héroïnes ? Pourquoi suis-je obligée de jouer à des MMORPG pour avoir l'occasion d'incarner des guerrières et des paladines ?

Mais il y a pire, à mes yeux, que l'absence d'héroïnes dans les jeux vidéos. Il y a les caricatures de bimbos, les filles à gros seins et à petit bikini, les personnages créés par des hommes pour des hommes, les filles qui n'ont rien à dire et qui se contentent d'être habillées de façon sexy et de faire rebondir leurs seins.
Soul Edge (un de mes jeux de baston préféré) comptait dans sa liste des filles sexy, comme la majorité des jeux de baston (à quand l'équivalent de Voldo en femme ?), mais Taki et Seung Mina avaient toutes deux une intrigue qui en faisaient des femmes indépendantes et pas complètement stupides (en gros, qui ne se bat parce que Héphaïstos lui a ordonné, hein, Sophitia ?). Dans le dernier Soulcalibur, Taki a gagné deux tailles de tour de poitrine, elle est moulée dans un ensemble qui ne laisse pas de place à l'imagination et ses seins bougent à la façon des bimbos de Dead or Alive (le jeu de baston que je déteste le plus). J'en aurais presque pleuré. Ils ont tué ma Taki !
Entre le premier et le dernier Guitar Hero, le personnage de Judy Nails, très prisé par les joueurs comme par les joueuses, est passé de rockeuse punk et garçon manqué à bimbo trash aux seins siliconés et au maquillage outrancier. Ça me met en rogne. Vraiment, vraiment en rogne. Et j'espère que je ne suis pas la seule.


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