CE QUE JE VEUX DE PLUS (Cosa Voglio di Piu) de Silvio Soldini

Histoire de cœur et de corps à quatre (celui et celle qui trompent, celui et celle trompés), et sur quatre temps (la rencontre, la passion, le mensonge, la rupture), Cosa Voglio di piu s’attache à capter la flamme adultérine, brûlante et insensée, et ce tourbillon torturé auquel vont se coller deux êtres, papillons attirés par de (fausses ?) lumières. Celles, d’abord, de tous les possibles que le quotidien (conjoints, factures, enfants) n’offre plus. Celles, ensuite, de la nouveauté, du second souffle, d’une (re)découverte de soi, physiquement et psychologiquement. Silvio Soldini, dans ce drame italien aux plats accents réalistes, a les mots et le fond mais n’y met pas la forme, cloisonnant ses protagonistes dans une peinture du couple trop morne, peu viscérale. Et pourtant, la tragédie qui se joue sous leurs (nos) yeux possède des contours aiguisés et impitoyables (la vérité derrière l’habitude, la lâcheté derrière le couple), et s’interroge à merveille sur le concept de fidélité (possible ou pas au fil du temps ?). Ce temps qui passe, ces choix qui semblent figés, Soldini les filme à hauteur d’hommes et de quotidien, offrant une œuvre bancale car trop ancrée dans la banalité, et n’arrivant jamais à hisser- cinématographiquement- son film dans la sublimation propre aux déchaînements des passions en cours. En cela, le final fait écho à l’ensemble, et rappelle la tiédeur d’un scénario qui se débat avec des personnages agaçants : entre celui qui ne voit pas, celui qui fait tout pour ne pas voir, celui qui prétend n’avoir rien vu. Sauf que la vie (et la beauté d’un film, en tant qu’éphémère, instant et œuvre d’art), pendant ce temps là, leur passe sous le nez.