Alain Bosquet (Poète indigeste ! …Mais au cursus intéressant)
L’homme est né à Odessa en 1919.
1938 : Il suit des études de philologie romane.
1940 : Il est incorporé dans l’armée belge, puis française.
Il fonde une première revue.
1942 : A New-York, il est rédacteur de « la voix de France ».
Il fonde une deuxième revue littéraire.
1943 : Il sert dans l’armée américaine.
1944 : Il débarque en Normandie.
1945 : Il publie son premier recueil de poésies.
1947 : Il crée à Berlin une revue en allemand.
1951 : Il s’installe définitivement à Paris, termine ses études à la Sorbonne,
Collabore à plusieurs quotidiens.
1959 : Il est professeur d’université aux Etats-Unis et à Lyon, enseignant la littérature française.
Puis il devient producteur et commentateur à l’ORTF.
1980 : Il est naturalisé français. Il fonde « Nota Bene », une revue littéraire internationale.
De son recueil intitulé « poèmes, un » (1945-1967), j’ai tiré les strophes suivantes, à peu près comestibles :
« Si j’apprenais que vivre est avant tout se taire,
Je serais hypocrite, et ferais de mes mots
N’importe quoi pour les sauver : des fleurs légères,
Des étoiles fanées qu’on donne aux animaux. »
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« Vain désir ! je dirai ce que fut mon inceste.
Je suis mon propre amant, mon poème interdit.
Ce pauvre amour de tête est le seul qui me reste ;
Mon dimanche a déjà dévoré mon lundi. »
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« Mes phrases défoncées, je faisais le voyage
De la vie à la mort, de la faute à l’erreur.
Je m’aventure au bout de mon pauvre langage.
Je me trompe, j’invente, et c’est mon seul bonheur. »
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« L’oubli et le dédain, l’ironie et le doute,
Ces quatre chevaliers prenaient part au combat
Qui se livrait en moi chaque matin. J’écoute :
Seul l’oubli est resté, qui dort entre mes bras. »
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« Mon histoire est pipée. Dissipez-vous, mirages !
Ni dames ni valets, je reste sans atouts.
Je joue au vrai poète, est-là mon chantage ?
Je triche mais je perds. Je me moque de tout. »
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« Un chapitre d’amour, un manuel de rêve,
Un azur imprimé par de faux-monnayeurs,
Une rose qui dit : -Nous ferons tous la grève,
Voici vingt ans qu’on nous promet des temps meilleurs. »
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« O moi le corrupteur, je me veux un martyr.
Je suis celui qui se déteste et qui se quitte.
Ma sainteté ne parvient pas à m’éblouir.
Je cède ; je me brise à briser mes limites. »
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« Je m’inflige une loi : respecter le chaos,
Ne jamais adorer que mon propre désordre,
Devenir dans l’effroi de moi-même un héros
Qui prend son siècle par le cou pour mieux le tordre. »
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« Disparaissez, pour être purs en mon esprit !
Je t’aime humanité, car je te sais perdue.
Tu peux mourir en paix. Je te crée, je t’écris ;
Mon poème est le seul qui t’aura défendue. »
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« Appétit, je voulais digérer l’univers.
C’est lui qui me consomme. Un poète rebelle
Que laisse-t-il au monde ? une insolence, un vers,
Une image, un vieux corps : ils vont à la poubelle. »
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« Tout ira mieux sans moi, homme d’après-demain.
Je pars. J’ai mis mon océan dans ma valise.
J’ai mon ciel sous la peau, mes arbres dans la main.
Ma vie-pardonnez-moi- n’était qu’une méprise. »
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Voilà. Nous avons survolé 216 pages. Le recueil en contient 314.
La plupart des autres poèmes sont en vers libres, sans rimes.(pages 216 à 314)
Remarquons que M. Bosquet a un toc pour certains mots qui reviennent à tout propos et à longueur de temps dans ses écrits : genou, cigogne, squelette, tigre, aubergine, fleuve, chair, aisselles, guillotine, peau, girafe, léopard, licorne, sang, tournesol, lune, dieu, œil, poumons, caillou, etc., etc.…
Critique pondue par l’odieux Jean-Jacques Balthazar, frère de notre si sympathique ami.