Edencity - Bienvenue en enfer

Je me suis sentie un peu mal à l'aise au début de ce roman, non seulement parce qu'il me fallait comprendre où je me trouvais, cerner la troublante personnalité de Saralyn, mais aussi suivre ses pas à travers son enquête difficile et particulièrement glauque. La jeune femme revient d'une contrée paumée et glaciale, où elle a suivi pendant deux ans sa formation de spécialiste. Elle est aujourd'hui associée à Gaspard Flynn pour combattre les corbusards, les créatures inhumaines qui polluent la ville. Et depuis peu, une bête féroce commet crimes sur crimes, tous plus horribles les uns que les autres, révélant un spectacle de bain de sang, de corps mutilés et autres joyeusetés peu ragoûtantes. C'est moche, il ne faut pas avoir le coeur trop sensible ni s'arrêter aux détails, mais quelque part ça participe aussi au spectacle. Le climat est oppressant, un peu lourd, mais ce charme gothique enveloppe le lecteur.
Comparer Edencity à l'enfer est loin d'être superficiel, car la ville est décrite en des termes suffocants. La tourmente intérieure de Saralyn ajoute aussi du poids à l'ambiance, la demoiselle est une lycaride, elle se pose des questions sur ses origines, on en apprend peu à peu sur elle, mais pas totalement. De même, Gaspard semble aussi porteur de secrets. C'est loin d'être unidimensionnel, et heureusement. Mais l'aura qui se dégage du bouquin reste pesante, beaucoup de personnages secondaires pointent leur bout de nez au fil des chapitres, l'intrigue se met en place et l'enquête criminelle sert davantage à révéler d'autres conflits, entre sorciers, vampires, djinns et autres aweryths. J'ai été séduite, même si cette lecture n'a pas été un coup de coeur non plus, j'ai trouvé que cela changeait des univers fantastiques désormais présents sur le marché. La série, en trois tomes, est disponible chez Milan, or cela ne signifie pas qu'elle s'adresse exclusivement aux adolescents. Bien loin de là.

Edencity, tome 1 : Bienvenue en enfer - N.M. Zimmermann
Milan (2007) - 284 pages - 8,50€
illustration de couverture : Benjamin Carré