3 hommes, 2 femmes traversent l’espace scénique en long et en large, en diagonale. Leurs déplacements sont rapides. Le heurt entraine la chute. Mais derrière un autre ou une autre relève celui ou celle qui est à terre. Etrange manège par lequel commence ce spectacle.
Puis les scènes commencent et s’enchaînent à un rythme effréné. Les profils atypiques s’expriment. La langue se délie et les tirades sont longues. L’accent est parfois singulier quand on devine que celle qui s’exprime doit être québécoise. Les profils atypiques défilent. Patrons, chômeurs, représentants du Pôle Emploi, employée harcelée, immigré, alcoolique, dépressive... C’est l’univers version trash du monde du travail qui est mis en scène sous nos yeux. Etats d’âme des protagonistes. Entretiens. Harcèlement. Meurtre. Plaidoiries.Délires...
Le jeu des acteurs est excellent. Tels des caméléons, ils endossent à tour de rôle une nouvelle facette de cette humanité plurielle, exploitée et souvent résignée.
Le travail définit l’homme. L’argent est le sang qui circule dans les artères du monde industriel. Etre exclu de cette sphère d’activité c’est etre soustrait à la société. Certains bravent déserts et océans pour enfin exister en Occident par le travail qui manque tant sur leurs terres d’origine.
Le metteur en scène Khalid Tamer, reprend les textes de trois auteurs aux profils différents sur ce thème du travail dans nos sociétés modernes : Koffi Kwahulé, Nadège Prugnard et Louis Dominique Lavigne. Le spectateur averti à tendance à rechercher les différentes écritures, les différentes voix. Il faut avoir l’ouïe fine pour différencier ces auteurs.
Le propos est parfois cru, souvent poétique. Il s’étale parfois en longues sentences ou en dialogues à bâtons rompus. Parfois même, les acteurs slamment.
La longue ovation qui a suivi le triste chant de fin joué par Zaccharia Heddouchi en dit long sur la reconnaissance du public à l’endroit des la prestation des acteurs. Le Lavoir moderne parisien était plein craqué pour cette entrée en matière, parce que ce spectacle le vaut bien.
Gangoueus, le travailleur vous salue bien bas. Et le festival de la Rue Léon continue.
Profils Atypiques, de Nadège Prugnard, Koffi Kwahulé et Louis Dominique Lavignemis en scène par Khalid Tamer,interprété par Annick Fontaine, Angélique Boulay, Jean-Léon Rondeau, Zaccharia Heddouchi et Olivier Parisis
Tous les mercredi, jeudi, vendredi, samedi jusqu'au 3 septembre 2010.
Lavoir Moderne parisien
35 rue Léon, Paris 18ème arrondissement
Réservation au 01 42 52 09 14