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Reporters – Saison 1

Publié le 21 août 2010 par Mg

Canal+ a su offrir depuis quelques années des séries audacieuses, de qualité et qui ont naturellement été renouvelées (pour la plupart). Reporters fait partie des pionnières, avec Engrenages. Explorant le monde des médias, plus particulièrement sous le prisme de sa relation avec la politique, nous voici balancé dans l’impitoyable royaume du scoop et de l’information.

Le format de huit épisodes produit par Capa, écrit par Olivier Kohn et ses camarades, a tout d’une douce ironie. On découvre dès le départ un journal d’envergure nationale, en difficulté, plutôt indépendant du pouvoir mais pas trop opposé non plus. Et pour contrebalancer cela, l’autre versant de la chaîne sera une chaîne de télévision, publique et leader sur son domaine. Les noms réels sont évidemment cachés, on reste dans la fiction. Mais on ne niera pas que l’accroche prise dans le monde réel est frappant. Tous faits ressemblants à la réalité seront évidemment niés. Reporters installe pour chacune des deux facettes de la série des personnages forts, des individualités intransigeantes : le reporter obstiné, la directrice de l’information directe, le présentateur du JT carriériste et manipulateur, la jeune journaliste en soif de carrière, le rédacteur en chef dépassé mais bienveillant, le vieux journaliste roublard et expérimenté… On a ici un creuset pour des enquêtes qui avanceront, et de futures oppositions inévitables. Limpides, les scénarios de chaque épisode vont jouer entre un fil rouge politico-financier, et de multiples petites enquêtes à côté.

Et c’est là la force de Reporters, ce format à l’américaine, cette écriture dense et pourtant si simple. Tout comme Engrenages, nous voici avec un grand mystère. Il sera ici lié à un trafic d’armes, relié à des manœuvres financières internationales, des paradis fiscaux, jusqu’aux comptes bancaires du parti au pouvoir, et du premier ministre futur présidentiable. Toute ressemblance… On suit donc le reporter (obstiné donc) à la recherche des preuves, entre coups bas, pots de vins, micro cachés, photos volés.. Tout est possible, et dans Reporters c’est efficace. La vraisemblance est de mise, et peut importe l’exactitude des techniques : ça marche à l’écran. C’est donc haletant que l’on suit la plongée en avant dans cet imbroglio politique, mêlant pouvoir en place et dictature africaine. A côté, il n’est pas inutile de souligner les mini histoires qui viennent se greffer à la grande, pouvant quelquefois apporter même de l’aide, et qui impliquent souvent Patrick Bouchitey, comédien de cinéma venu ici retrouver une nouvelle jeunesse, et qui ne vole pas l’écran. Bouchitey n’était pas vraiment parti, mais le voilà de retour. N’oubliant pas de parler d’une certaine réalité de la presse (et de la télévision), dans un contexte difficile socialement et économiquement, Reporters remplit sa coupe pour 8 épisodes complets de bout en bout.

Véritable thriller sur petit écran, Reporters explose la télévision française, et nous laisse avec un goût amer en bouche… Celui d’attendre une suite qui tardera à venir (mais arrivera deux ans plus tard). On ne pourra que féliciter la justesse et l’intelligence de ces auteurs, qui s’inspirant largement des scandales connus de la politique française, ont su reconstituer un grand jeu d’échec à échelle télévisuelle, insufflant dans leur fiction des éléments d’actualités contemporaines bien troublants.


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