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Un roman fort, concis, allant à l'essentiel et remuant en nous des sentiments tristes et profonds.
L’auteur :
Atiq RAHIMI est un romancier et réalisateur qui a la double nationalité afghane-française. Il fuit l’Afghanistan en 1984 et demande l’asile politique à la France. Il a obtenu le prix Goncourt en 2008 pour Syngué Sabour, pierre de patience.
L’histoire :
Nous sommes en Afghanistan durant le conflit qui oppose le pays à l'Union Soviétique.
Un vieil homme attend en compagnie de son petit fils qu'on lui libère le passage pour se rendre vers son fils travaillant à la mine. Il doit lui annoncer que tous les siens sont morts dans un bombardement du village.
En attendant, il parle, divague, pense, suivant les entrelacs de ces pensées. A ses côtés son petit-fils ne comprend pas encore toutes les implications de cette guerre qui est pourtant son quotidien et lui a ravi ses proches.
Ce que j’ai aimé :
- La façon très subtile dont est évoquée la guerre : roman poétique, fort et dense il suggère cette horreur sans réellement la décrire, mais ici, les suggestions sont plus fortes que les descriptions.
- Le style : Les phrases sont courtes, comme si le narrateur, ce vieillard qui a vu la mort de près, manquait de souffle pour raconter. Il cherche ses mots, il ne sait pas encore comment il va dire à son fils qu'il a tout perdu, il a peur, parler le rassure. Les mots couvrent le désespoir qui l'habite, ils ont le pouvoir d'extraire de lui l'horreur vécue.
L'enfant lui, a décidé de se taire, devenu muet pour mieux garder en lui peut-être le souvenir des gens qu'il a aimé et qui ont péri dans le bombardement du village.
- L’atmosphère : c'est un roman très statique puisque la majorité de l'action se passe devant cette barrière, à ce poste, puis dans la mine dans laquelle travaille le fils. Le décor est un pont auprès duquel attendent le grand-père et son petit-fils. Ils sont cernés par la poussière de la route, abrutis par la chaleur. L'atmosphère est prégnante, le lecteur lui-même est au bord de ce pont, ou dans la guérite du gardien, observateur impuissant de cette tristesse profonde née d'une guerre absurde.
- Il s'agit du premier roman d'Atiq Rahimi, et il reste mon préféré. Très poétique, il dit l'essentiel sans fioritures, et marque ainsi plus fortement l'esprit.
Ce que j’ai moins aimé :
- Evidemment, c’est triste…
Premières phrases :
« -J’ai faim
Tu sors une pomme du baluchon rouge go-e-reb, et tu la frotte contre ton vêtement poussiéreux. La pomme n’en est que plus sale. Tu la remets dans le baluchon, en sors une autre, plus propre. Tu la tends à ton petit-fils, Yassin, qui est assis près de toit, la tête contre ton bras fatigué. »
Vous aimerez aussi :
Un Dieu, un animal de Jérôme FERRARI (qui me fut conseillé par Atiq Rahimi lui-même rencontré lors d’une vente signature…)
Terre et cendres, Atiq RAHIMI, POL, Janvier 2005, 92 p., 9.50 euros
POCHE : Terre et cendres, Atiq RAHIMI, Folio, mars 2010, 90 p., 4 euros