La Séance du Mercredi reprendra la semaine prochaine pour honorer la sortie en salles d'un film-événement. Pour les non initiés, cette rubrique me sert chaque semaine, sauf pendant les vacances d'été, à dire des choses définitives sur des films que je n'ai pas vus (la rubrique étant écrite avant leur sortie, or j'ai rarement droit aux avant-premières), mais dont j'ai entendu parler (ou vu écrire). J'essaie ainsi de poursuivre la tradition attribuée à Louis Malle : ne jamais voir les films avant de les critiquer, car ça fausse le jugement. Je me documente dans la presse que j'aime (Les inrocks, Libé, Télérama, Critickat, Le Monde et quelques autres) ou encore, si je veux faire genre, dans la presse que je n'aime pas (Le Figaro, Le Parisien, les gratuits qui, étant gratuits, ne peuvent être des organes de presse à part entière). Il m'arrive de me tromper ponctuellement (par exemple, j'avoue ne pas avoir assuré le jour de la sortie de Gainsbourg, vie héroïque, en refusant d'en citer ne serait-ce que le titre alors que, le voyant le lendemain tout à fait par hasard, j'ai adoooré ce film), ou encore systématiquement (à chaque fois que je parle d'un film de Vincent Ostria, Crime par exemple - voir les commentaires affligés du réalisateur, que je salue au passage).
Donc, à la semaine prochaine pour une nouvelle Séance, mais en attendant, rien ne nous empêche de causer ciné entre nous.
Un peu de musique ? Une autre précision pour les passants furtifs ou très occasionnels : quand je parle de cinéma, j'essaie de le faire en musique. Le premier film réalisé par Clint Eastwood, Play Misty for me, trahissait un goût inné pour le cinéma et une addiction pour le jazz. La version de Misty que je vous propose n'est pas celle du film, mais la séminale version de Sarah Vaughan, en 1963, à Copenhague, où elle semble confondre son pianiste avec un partenaire sexuel. Peut-être même que... Les amateurs de jazz connaissent ça par cœur, donc je dédie ces quelques minutes de bonheur à celles et ceux qui ne connaissent pas mais souhaitent découvrir de jolies choses.
Je n'ai plus vu de film depuis Inception, que j'aurais voulu revoir perversement pour tenter d'en démonter les rouages déconnants... Mais j'ai pas pu. Sinon, j'aurais aimé découvrir D'amour et d'eau fraîche, film français d’Isabelle Czajka, surtout pour son actrice, Anaïs Demoustier, dont j'ai entendu dire (et lu écrire, donc) le plus grand bien (lire, par exemple ICI) et même si je crains un peu le format téléfilm de ce genre d'œuvre "sociale à la française".
Deux films cette semaine me tentent vraiment :
Lost Persons Area est un film belge réalisé en flamand par Caroline Strubbe, cinéaste formée au documentaire. C'est bien la magnificence des photos illustrant le dossier de presse (distribué dans une salle MK2) qui m'a séduit et non la bande-annonce, projetée dans la même salle dans un mauvais format... Caroline Strubbe se réclame d'ailleurs de la photographie, en particulier d'Elliott Erwitt. Elle décrit une de ses images dans le dossier de presse : "Sur une de ses photos, on voit trois personnes sur un simple banc, et d’autres qui scrutent le ciel. Derrière, il y a un grillage avec un panneau, où on peut lire «Lost Persons Area». Que font ces gens ? Ils attendent ? Espèrent ? Rêvent de partir au loin ?". Tout ça appelle une sorte de rêverie poétique immobile dans laquelle je compte m'inviter au plus tôt.
Voir le dossier de presse en .PDF : CLIQUER ICI.
Image de la semaine, la petite Kimke Desart, dans Lost...
Poetry, un film Sud-Coréen de Lee Chang-dong, 56 ans,ancien ministre de la culture, dont le sujet est la poésie et l'héroïne une vieille dame dont la mémoire flanche (et qui la redécouvre, la poésie) au moment où toutes sortes d'événements dramatiques ou tragiques perturbent sa vie : évidemment LE film de la semaine.
En plus, ce film m'offre une seconde image de la semaine,
avec l'actrice Yun Jung-hee.
Ciné, toujours, le niveau monte. On a eu "les français parlent aux français", on a "les acteurs parlent des actrices".
Gégé se lâche.
Invité du Festival de Salzbourg, Depardieu est interrogé sur toutes sortes de sujets, dont le cinéma par Profil, numéro du 16 août. On sait que Gégé aime de moins en moins le cinéma, surtout français. On ne le savait pas aussi incisivement lucide sur Juliette Binoche. On l'écoute :
« Eclairez donc ma lanterne. Quel secret est censée cacher cette actrice ? J'aimerais bien savoir pourquoi on l'estime depuis toutes ces années. Elle n'a rien ! Absolument rien. »
A propos des Amants du Pont-Neuf de Léos Carax, il précise :
« Elle n'est rien ! En comparaison, Isabelle Adjani, elle est super, même si elle est complètement perdue. Ou bien Fanny Ardant : elle est grandiose, extrêmement impressionnante. Mais Binoche ? Qu'avait-elle déjà pour elle [lors de la sortie des “Amants du Pont-Neuf]” ? Pialat aussi, il méprisait la clique des Cahiers du Cinéma qui ne parlaient inébranlablement que de Leos Carax. Carax a eu besoin de six ans pour tourner son film avec Binoche, qui à la fin n'était pas même seulement un film, mais juste un morceau de merde. »
Chaud Gérard, très chaud.
Bonne semaine, retournez donc voir Un poison violent, D'amour et d'eau fraîche et... Inception, bien sûr.