Avec le chino, t'as pas forcément l'air d'un blaireau.

Haaaa le chino! Ce pantalon que votre notaire ou votre dentiste affectionne tant. Ce pantalon beige ou sable sans élégance parce que souvent porté trop large. Ce même pantalon difforme parce que M. Dumas (le dentiste) met son gros portefeuille bourré de trucs dans sa poche arrière. Ce pantalon que vous trouvez immonde parce qu'il vous rappelle les pires messieurs de votre existence ou du moins les plus ringards. Et bien nous, on va vous faire chier, parce que finalement cette pièce, digne héritière des penderies de notables provinciaux, n'est peut peut-être pas si douteuse que ça. Si l'on considère l'objet du délit, on pourra se rendre compte que les designers ont déjà manié la question avec timidité mais que surtout les modeux les plus féroces l'ont secrètement adopté dans leur garde-robe. En même temps, ce n'est pas étonnant. D'une allure plutôt ville, le chino possède la faculté de pouvoir remplacer un costume trop guindé, sentant bon la torture journalière, par un coté confort à ne pas déprécier. Ne jouons pas sur des idées arrêtées, il faut rouler sur l'autoroute de l'ouverture d'esprit. OK, OK, tonton Jacques vous a traumatisé dans sa fabrique de saucisses à Mulhouse avec son chino porté  pendant 20 ans mais il faut dire que le pantalon de coton a sacrément évolué et vous aussi par la même occasion. On laisse donc de coté les beiges, les bleus marine et autres noirs pour des couleurs qui vont donner la touche "punch" au pantalon en question. On mise sur du vert pomme, du rose saumon ou même du jaune citron pour les guerriers, en mode Gengis Khan de la couture. Pour les autres plus timides, on se laissera aborder facilement par des bordeaux, vert foncé ou simplement bleu cobalt. La touche colorée (oui on est obsédé par la couleur en ce moment!), c'est ce qui va permettre au chino de relever son aspect trop vieillot. Il faut savoir jouer. Ce qui est "hit" aujourd'hui ne l'est forcément plus demain. Par contre ce qui peut paraître ringard a automatiquement un moyen de détournement pour en faire une pièce remarquable. Le second degré assumé et l'autodérision par micro touche sont les meilleurs amis d'une allure étudiée et régie par les tendances. La chino ne fait pas exception.On le choisit avec des pinces pour renforcer cette aspect "ancien temps", si la couleur a suivi ce n'est qu'un clin d'oeil de plus pour une tenue au classicisme moderne. Le plus férus choisiront des mocassins ultra-chics en croco et à pampilles, toujours dans un esprit de mélange des genres et d'autodérision. Par contre si vous êtes oncologue et que vous annoncez à tour de bras des cancers en phase terminale toute la journée, c'est peut-être pas la meilleure idée. On misera plus alors sur des bottines mi-chevilles en suède noire pour une envie de matières différentes et de sobriété.Mais le tout dans un chino, c'est qu'il se porte retroussé au-dessus de la cheville, avec des chaussettes montantes. On pourrait même l'associer à des bretelles pour vraiment s'approprier un style rétro digne de ce nom. Encore une fois pour les plus braves. Le chino peut donc être une pièce maîtresse avec laquelle, on peut s'amuser, être chic, tout en ayant l'avantage du confort. L'essentiel étant de le choisir bien coupé, À SA TAILLE et éviter les couleurs de base. Une pièce qui commence à s'imposer sur les podiums. Ce qui sûr c'est que pendant nos vancances à Mulhouse, Tonton Jacques il va pas en revenir de notre pantalon jaune citron... Bien à vous.