Magazine Culture
Phillip Noyce, aficionado du thriller, a conquis les années 90. Danger Immédiat, Silver, Le Saint, Bone Collector : autant de morceaux jouissifs d’un temps passé, où l’on ne s’extasiait pas encore du numérique et de la pyrotechnie boursouflée. Son retour avec Salt, un peu has been lorsqu’il s’agit de développer codes et propos, n’a franchement rien d’excitant tant il ne parvient jamais à jouer sur les deux tableaux : à savoir son amour nostalgique des films libellés nineties, et son envie de coller à la réalité contemporaine (raccords possibles avec l’actualité, féminisme latent, action à tout va). Angelina Jolie a beau se démener comme elle le peut (sautant, pleurant, courant, se grimant, maniant la gâchette comme un vrai mec) et où elle le veut (à moto, en voiture, à pied, en métro, en hélico), les séquences musclées ne masquent pas le non intérêt total d’un scénario à tiroirs. A mesure que l’intrigue s’amuse à déballer les infos au compte-goutte, éclairant ainsi l’avant d’une toute autre lumière, Noyce- lui- n’a rien à proposer de neuf. Pas d’idées sous-jacentes, pas de mise en scène révolutionnaire, seulement du bruit jusqu’à l’overdose, et la gesticulation sublimée d’une héroïne qui cache à merveille le manichéisme systématique de ce type de divertissement clairement abrutissant, vaguement divertissement. Hypocrite, le film semble donner mais jette de la poudre aux yeux; tiède, il hurle pour mieux masquer le vide, se goinfrant des plaisirs immédiats et vains que l’on trouve (toujours) au cœur des exagérations.