Deuxième opus de Richie Hawtin sous le sobriquet de Plastikman, Musik venait confirmer un style très personnel et à écouter plutôt la nuit, ou par des journées brumeuses. En effet, en 1994, c’est la dance qui fait bouger en boîte de nuit. Inutile de revenir sur ce phénomène très commerciale et, donc, très populaire.
De son côté, Plastikman offre sa musi(k)que totalement dépourvu de voix. C’est lancinant, répétitif, ça semble tourner en rond, sur soi, se mordre la queue… telle l’image du désormais culte logo qui se voit reflété de façon parfaitement symétrique.
On pourrait (presque) croire que la musique est déjantée, l’ouvre d’un génie démoniaque qui viendrait bourriner l’univers de la musique électronique. Mais c’est tout le contraire ; c’est empli de musique lente, faite de beats justes et précis, éclatant, certes, des nappes superposées de façon langoureuse.
À l’instar du titre de l’album, ou tout simplement de son pseudonyme, on ne peut pas ne pas remarquer l’omniprésence du « k », la lettre et le son ; un « éko » aux rythmes utilisés ? De même, la matière avec le deuxième morceau bien nommé « Plastique » (tiens, pas de plastik ?), qui fond pendant plus de dix minutes.
Des titres comme « Kriket » (au rythme aussi intelligent que persécutant) ou « Ethnik » (envoûté et envoûtant) ne cachent pas leur inspiration, ou « Marbles » (les marbres, puis la fin en orage) et « Lasttrak », qui closent bien logiquement Musik, sur une note plutôt assombrie, par la nuit et non l’angoisse. Apaisant.
Pour beaucoup, c’est son oeuvre majeure. Je ne fais pas partie de cette partie-là, mais de celle qui jubile devant Consumed. Pour autant, avec de si belles prémices au ténébreux disque de 1998, je ne peux que m’incliner modestement.
Un conseil : n’écouter jamais consécutivement Musik et Consumed sans passer par la case Artifakts. J’ai bien dit : jamais.