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Nicolas Cage et l’Apprenti Sorcier

Par Tom

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Depuis des siècles, le magicien Balthazar Blake (Nicolas Cage) est condamné à capturer les serviteurs de l’effroyable sorcière Morgane (Alice Krige) et, dans le même temps, à trouver le dernier "Merlinien", le descendant de l’illustre Merlin et le seul capable de débarrasser le monde de l’infâme prêtresse du Mal. La quête de Blake va le mener à New York, là où il va rencontrer le jeune Dave (Jay Baruchel) qui malgré un physique malingre et un manque flagrant de confiance en lui paraît bien être l’héritier de la prophétie… Pourchassé par le redoutable Horvath (Alfred Molina) et ses sbires, Balthazar dispose de très peu de temps pour entraîner son jeune apprenti avant que celui-ci soit contraint d’affronter la redoutable Morgane.

Nicolas Cage et Jay Baruchel

Attendu comme l’un des gros Blockbusters de l’été 2010 - étant donné la présence au générique du géant Walt Disney Pictures assorti au producteur Jerry Bruckheimer (cette fine équipe déjà à la base de longs-métrages tels que le récent "Prince of Persia") -, "L’Apprenti Sorcier" a tout le loisir, durant 1h45, de nous décevoir ! On retiendra principalement deux gros problèmes liés à cette mièvre superproduction… Lacunes qui en entraînent d’ailleurs d’autres… Premièrement, la cristallisation du jeune acteur Jay Baruchel dans un rôle stéréotypé à l’extrême ; deuxièmement, le manque d’expérience flagrant du metteur en scène embauché sur le projet, Jon Turteltaub, pour ne pas le citer !

Gregory Woo

D’un côté donc, nous avons l’acteur paumé Baruchel qui, depuis plusieurs années déjà, enfile les seconds rôles de timoré puceau dans des aventures comme "Tonnerre sous les Tropiques" (2008) ou "Trop Belle !" (2010). Le problème avec cet "Apprenti sorcier", c’est que notre malheureux a très peu d’occasion, face à la caméra, de moduler son jeu et se contente donc de sur-jouer - comme il sait trop bien le faire - les andouilles capables de sortir des vannes stupides (qui ne font rire personne !) et des répliques invraisemblables de niaiserie dans un laps de temps plus que compté. Un exploit dans l’art du mauvais goût ! Après deux ou trois séquences dans lesquelles notre jeune Jay Baruchel exploite ce potentiel si agaçant, le personnage de ce dernier perd toute la sympathie et la crédibilité que le spectateur aurait dû lui témoigner… C’est quand même lui, le héros titre de cette aventure ! Que Diable !

Jon Turteltaub et Nicolas Cage

Enfermé donc dans une caricature sans éclat et trop mollassonne de l’anti-héros qui finalement (mais ça c’était prévisible ! Walt Disney oblige !) réussit à s’enrôler, sans trop savoir comment, dans le costume du preux chevalier, Jay Baruchel n’est pas le seul à blâmer. La faute de ce gâchis est peut-être encore plus à imputer au metteur en scène Jon Turteltaub. S’étant déjà montré légèrement frileux sur les deux "Benjamin Gates" (deux autres productions Bruckheimer), ce dernier ne s’est jamais réellement imposé comme un cinéaste de films "sensationnels". S’il a fait avant tout ses armes dans de charmantes comédies comme "Rasta Rockett" (1994) ou le sublime "L’Amour à tout prix" (1995), Turteltaub n’a par ailleurs jamais brillé dans sa gestion des scènes d’action ni dans la manipulation des effets spéciaux. Etrangement ici, pour "L’Apprenti sorcier", l’effort visuel exercé par l’équipe technique est plus qu’honorable. C’est à d’autres niveaux que l’œil du réalisateur pèche…

Nicolas Cage et Alfred Molina

Maître d’œuvre de choix plus que douteux, Jon Turteltaub galvaude tout simplement tout le charme et le mysticisme qui aurait pu découler de cette affiche. Ca commence déjà très mal avec une séquence d’ouverture narrée à l’emporte-pièce qui, dans l’esprit, ne manquait pourtant pas de charme et d’inspiration. Au lieu d’introduire, avec sérénité et empathie, une aventure magique débutant dès le 8e siècle de notre ère - même si trente minutes sont nécessaires à cela ! -, "L’Apprenti sorcier" se contente de brosser grossièrement un combat maléfique qui fulmine depuis le Moyen Age en 5 minutes (et encore !) montre en main. Tout le monde n’est pas Peter Jackson qui veut ! C’est vrai ! Par la suite, Turteltaub nous précipite allégrement dans la mélasse avec une quête se mordant très rapidement la queue.

Nicolas Cage et Jay Baruchel

Après le "je t’aime moi non plus", Jay Baruchel, sous la conduite de Turteltaub, joue les "je veux devenir un grand sorcier mais après je m’y refuse par amour pour cette charmante période que l’on appelle la puberté". Nous voilà donc entraînés dans un aller-retour infernal et boiteux livré, tantôt, à l’enthousiasme d’un ado' indécis, tantôt, à la névrose de ce même jeune homme reculant devant chaque obstacle qui se dresse sur sa route… Dans le segment "films initiatiques", on a déjà vu nettement plus folichon. Même si le ton enfantin de ce long-métrage n’est pas foncièrement atroce à supporter (après tout, les p’tits cinéphiles ont aussi bien droit à leurs Blockbusters !), on ne pardonnera pas aux producteurs des "Pirates des Caraïbes" et du récent "Prince of Persia" - nettement plus aguichant que ce film - de nous donner au final un produit inachevé qui manque cruellement d’âme et de conviction. Non ! Définitivement non !

Jerry Bruckheimer

La petite zone de clarté dans ce spectacle assez morose, nous est offerte (et ce n’est finalement pas une surprise) par les deux têtes d’affiche confirmées de ce long-métrage : Nicolas Cage et Alfred Molina. Oublions Teresa Palmer, Toby Kebbell, Jay Baruchel et même la pauvre Monica Bellucci qui a le don d’apparaître en coup de vent sans pour autant faire fondre l’antalgie que l’on peut éprouver devant pareil (pseudo-)divertissement, ce sont bien les deux acteurs qui ont respectivement interprété le "Ghost Rider" et le "Docteur Octopus" dans deux adaptations "Marvel" qui sauvent - partiellement - ce film du naufrage. Comme quoi s’offrir les services de Stars du grand écran, ça n’a pas que des inconvénients même sur le plan artistique !

Nicolas Cage et Monica Bellucci

Rarement mal inspiré, Cage prend un certain plaisir à jouer le préféré de l’illustre Merlin. Bourré de talent et de charisme, le héros des "The Rock" et "Con Air" revendique honnêtement ici le titre de sorcier parfait qui ajoute, par sa folie douce et son extravagance, un soupçon de charme idyllique. Alfred Molina, de son côté, réfrène avec talent toute la noirceur de son personnage et se présente plutôt en adversaire roublard et manipulateur plus que comme un sadique magicien cruel et violent. Avec, en plus, des effets visuels louables et quelques petites idées enthousiasmantes comme ces allusions au monde si enchanteur et sirupeux de la maison Walt Disney… A l’exception certainement de la fin de l’allusion à "L’Apprenti Sorcier" de "Fantasia" qui chavire dans le n’importe quoi maladroit et disgracieux… Merci pour le balai dans le cul !

Nicolas Cage

"L’Apprenti sorcier", bien qu’il perd - vous savez maintenant pourquoi - la plupart de ses lettres de noblesse, reste un petit spectacle honorable. Que voila véritable un film "alimentaire" - dans la plus pure acceptation du terme - pour Nicolas Cage et Alfred Molina. Tant mieux pour eux, ce sont peut-être bien les seuls à mériter les quelques millions dollars que ce produit arrivera à soutirer aux spectateurs du globe !

Alfred Molina

La bande-annonce…

Alice au pays des sorcières…

Alice KrigeLe choix de confier le rôle de la venimeuse Morgane à l’actrice Alice Krige est assez intéressant. Hormis le fait que notre amie a véritablement la tête de l’emplois et campe, avec son faciès, un personnage maléfique plus qu’inquiétant, Alice Krige est maintenant devenue routinière des longs-métrages dont la magie et la sorcellerie sont au centre des débats ! Mère endeuillée dans l’ancestrale Angleterre, infernale et diabolique, dépeinte par "Solomon Kane", Krige s’est particulièrement faite remarquée dans le "Silent Hill" (2006) de Christopher Gans en tenant le rôle de Christabella, la pseudo-prêtresse d’une secte spécialisée dans les bûchers pour sorcières !


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