Magazine Cinéma
Artistes : Fondu au noir pour un fondu du noir. Alain Corneau est mort d'un cancer dans la nuit de dimanche à lundi. Le dernier film du cinéaste, qui était âgé de 67 ans, est encore à l'affiche : Crime d'amour, avec Kristin Scott Thomas et Ludivine Sagnier.
A l'image de son ultime oeuvre, sa filmo est marquée par le polar. Des polars qui mêlent psychologie et action, avec des personnages bien brossés. Citons évidemment Police Python 357 (Montand se défigurant à l'acide devant la glace !), Série Noire avec un génial Patrick Dewaere ou Le Choix des Armes (Montand, Deneuve, Depardieu). Projet d'une vie, avec casting de rêve (Daniel Auteuil, Monica Bellucci, Jacques Dutronc...), Le Deuxième Souffle laisse un souvenir mitigé. Trop mythique peut-être ?
Avec Fort Saganne, Corneau s'essaie à la grande fresque "hollywoodienne". C'est que le bonhomme est un grand amoureux du cinéma US. Il s'en ouvre d'ailleurs dans Le Nouveau Monde, qui raconte la fascination d'un ado pour l'American way of life, dans la France des années 50. Un G.I. est interprété par... James Gandolfini aka Tony Soprano !
Film d'époque de facture plus classique, Tous les Matins du Monde lui apporte un nouveau succès populaire et deux Césars (meilleur film et meilleur réalisateur). S'en dégage une beauté austère (chiante, rétorquent ceux qui sont gavés par ces plans fixes sur fond de musique baroque), proche d'une esthétique nippone - Corneau est aussi attiré par la civilisation japonaise, il réalisera d'ailleurs Stupeur et Tremblements, d'après l'oeuvre d'Amélie Nothomb.
Son goût des voyages l'emmènera aussi en Inde, avec le très beau Nocturne Indien et en Polynésie, avec l'énorme échec Le Prince du Pacifique. Adulé par Olivier Marchal, Alain Corneau laisse derrière lui une oeuvre marquante, où brillent quelques superbes diamants noirs.
Anderton