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Article du mois : expo Bardot à Saint-Tropez, et Dieu créa la Femme.

Publié le 01 septembre 2010 par Sheumas

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J’aime les mythes et ce que Roland Barthes appelle les « mythologies », à savoir ces figures contemporaines porteuses d’une nouveauté foudroyante à l’époque où il écrit son livre : la DS, le visage de Garbo, l’abbé Pierre…

   Nous ne sommes plus en 60 (les fameuses « Mythologies » datent de 1957) mais, en ce temps de nostalgie qui caractérise notre époque, certaines figures ont augmenté leur potentiel de légende. Bardot incarne l’une de ces légendes… et l’exposition qui lui est consacrée jusqu’au 31 octobre prochain à Saint-Tropez va bien dans ce sens.

   La cité de Saint-Tropez, sertie entre mer et montagne, est un berceau idéal pour entretenir le rêve. Les grands yachts qui oscillent sur tout l’horizon de la baie projettent leur part d’artifice et de paillettes sur le village enluminé. Village de l’origine, (en cela je lui trouve un côté Cefalu en Sicile, village de pêcheurs immortalisé dans « Cinema Paradiso »), village de carte postale, rusticité des façades, petits pans de murs qu’on croirait colorés par le pinceau d’un aquarelliste inspiré, silhouette bien tracée d’un décor de cinéma, « Et Dieu créa la femme »...

     L’impertinence de BB dans les rues endormies à la fin des années 60… Le soleil de ses cheveux blonds qui brûle le goudron, qui fait passer l’électricité dans les masures, qui enflamme les mâts des bateaux. Saint-Tropez s’allume, Saint Tropez s’électrise, Saint-Tropez rayonne. Chargées à bloc par la chaleur de l’été, les cigales disjonctent aux limites du port, et les couleurs de la mer jettent un éclat bleu sur les mailles des ruelles où s’exhibent la pelote de fils dénudés de la Frime : yachts, bolides, motos, sappes…

   « Coquillages et crustacés », « Harley Davidson », « Initials BB » et « Bonnie and Clyde »… Dans un coin des nombreux couloirs consacrés à l’Amazone de Saint-Tropez, buissonnent des vidéos où on peut la voir chanter et surtout bouger, car la chanson pour Bardot, c’est surtout le mouvement et l’ondulation.

   Mais cette « ondulation » va au-delà des mots (choisis sensuels pour la chanteuse : « jusques en haut des cuisses elle est bottée et c’est comme un calice à sa beauté… »)... Elle va au-delà du corps torride : « quand je sens en chemin les trépidations de ma machine, il me monte des désirs dans le creux de mes reins… ».

   Quand on la voit la chanter (ou quand on la fait chanter si on a la chance d’être son parolier), on la suit sur un horizon qu’elle grise sans jamais le culbuter. C’est en tout cas ce que dit le début de « Initials BB ». « Un soir que j’étais à me morfondre, dans quelque pub anglais du cœur de Londres, sirotant l’amour monstre de Pauwells me vint une vision dans l’eau de Selz ». C’est aussi ce que murmurent ces lèvres qui laissent à « la toile » le privilège de l’exploration des baisers. Les lèvres de Bardot sont un emblème… Dans un coin de la galerie, l’expo réserve un montage à partir de tous les « baisers de cinéma » qu’a inspirés l’actrice... Mastroïanni, Gabin, Trintignan, Samy Frey, Piccoli... Les ciseaux du prêtre de « Cinema Paradiso », pour préserver la moralité des enfants du village sicilien, auraient taillé toutes ces scènes… Pourtant, elles ne font que répéter, comme les photos, comme les chansons, comme les vidéos et tout le décor de la « Madrague », l’enthousiasme de la drague, du désir et de la trépidante jeunesse !

Juillet 2010 (108) [1600x1200]


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