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La philo funky: Le Mac Guffin

Publié le 02 septembre 2010 par Mojorisin

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La philosophie est inintéressante et compliquée... Sauf quand des artistes nous en expliquent les concepts au moyen de leurs oeuvres. Dès lors la philo devient funky. Au programme aujourd'hui: Le Mac Guffin.

Hitchcock, qui popularisa le concept en l’utilisant dans chacun de ses films, racontait cette blague pour le définir: Deux voyageurs se trouvent dans un train allant de Londres à Edimbourg. L'un dit à l'autre : « Excusez-moi, monsieur, mais qu'est-ce que ce paquet à l'aspect bizarre que vous avez placé dans le filet au-dessus de votre tête ? — Ah ça, c'est un MacGuffin. — Qu'est-ce que c'est un MacGuffin ? — Eh bien c'est un appareil pour attraper les lions dans les montagnes d'Ecosse — Mais il n'y a pas de lions dans les montagnes d'Écosse. — Dans ce cas, ce n'est pas un MacGuffin » . Je suppose que l’humour du réalisateur ne vous aide pas vraiment à comprendre. En fait le Mac Guffin n’est qu’un prétexte au développement d’un film, d’une chanson, ou encore d’un produit. Pour le maître du suspens, le Mac Guffin représentait l’histoire de ses oeuvres, souvent peu originale, permettant de mettre en place la mise en scène qui, elle, ressemblait à un travail d’orfèvre. Toujours flou le concept? Bon ça va laissons la parole aux artistes.

Kinder

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Si on vous demande votre kinder favori, la probabilité d’entendre “Kinder Surprise” est très grande. En effet, ce petit oeuf en chocolat contenant la fameuse surprise continue de faire le bonheur des enfants et des dentistes. Mais quel est le principal intérêt? Son nappage ou le jouet qu’il contient? C’est bel et bien le jouet (son succès serait probablement bien moindre sans). Et bien l’oeuf en chocolat n’est qu’un “prétexte” pour pouvoir découvrir ce qui se cache à l’intérieur (mais sans, la fameuse surprise ne présenterait aucun intérêt); voici le Mac Guffin du Kinder Surprise.  

James Cameron

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Cameron est un réalisateur fasciné par la technique. La plupart de ses films recèle d’effets visuels époustouflants donnant tout son sens au terme divertissement. A ce titre, Avatar constitue une véritable révolution en établissant une nouvelle norme: la 3D. Grâce à elle le réalisateur a enfin pu accomplir son rêve de toujours. Mais encore fallait-il une histoire pour pouvoir illustrer l’exploit. Et on se rend compte qu’en effet les millions ayant servi à la conception ne furent pas engloutis par le scénario qui reprend de (très) grosses ficelles. Mais en y allant, on voulait en prendre plein les yeux, et pas les neurones. Cette histoire d’énergie extraterrestre est donc le Mac Guffin du film

James Joyce

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Joyce révolutionna la littérature et la narration par son style destructuré profondément novateur traduisant les “flux de conscience” du narrateur. Son livre culte Ulysse raconte la journée plutôt banale de deux irlandais, Léopold Bloom et Stephane Daedelus, dans Dublin. Pas de véritable intrigue, ni de rebondissements particuliers, l’intérêt ne réside pas dans l’histoire mais plutôt la façon dont Joyce retranscrit les pensées de ses deux héros. Celle-ci n’est donc qu’un prétexte, le Mac Guffin de Ulysse, pour laisser libre cours à un véritable exercice de style.

 

David Guetta

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La chanson à texte, comme son nom l’indique, accorde une place majeur aux paroles, ne laissant alors à la musique qu’une simple fonction d’accompagnement. L’électro, elle, tend à inverser ce rapport en accordant au son une place majeure. En écoutant David Guetta on se rend compte que les lyrics, répétitifs et dénués d’intérêt, ne servent qu’à accompagner le mix qui lui révèle une conception beaucoup plus poussée. Le thème de la chanson, le Mac Guffin de chacun de ses titres, n’est qu’un prétexte pour laisser exploser les enceintes des clubs du monde entier.

Le Mac Guffin est présent là où la forme prime sur le fond (sans que cela soit une mauvaise chose), afin de lui donner un prétexte. Cela s’apparenterait à la fameuse citation du sociologue Mac Luhan: “Medium is the message”, que l’on pourrait également traduire par “style is the message”. Alors maintenant arrêtez de chercher les incohérences scénaritisques, de critiquer la pauvreté des textes, de pester contre les histoires dénuées de rebondissement ou de vous moquer de votre petit frère s’amusant avec un jouet Kinder. Souvent une raison les justifie (mais pas toujours certes…). En attendant Kinder, Cameron, Joyce et Guetta vous souhaitent une bonne journée en espérant vous avoir aidé.

 


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