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Impressions de voyage : Lugano 25 mai 2010

Par Memoiredeurope @echternach

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Avant d’en venir à mon actualité : les quelques jours passés dans les Alpes de Haute Provence et à Perpignan cette dernière semaine, je tenais à terminer de retracer les espaces qui se sont glissés, un peu subrepticement ces derniers mois, entre des temps conjugués et sur des accords parfois dissonants.

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Pourquoi avoir accepté en effet de repartir immédiatement pour Lugano après être passé de Paris à Lucca, puis de Lucca à Bucarest et Sibiu, au milieu d’un mois de mai où la pluie a refroidi avec un peu d’étonnement du ciel lui-même, les ardeurs de fête des Toscans et où le froid a tempéré la joie d’ouvrir enfin à Sibiu, en présence des autorités luxembourgeoises et roumaines, un centre d’accueil et d’information pour les itinéraires culturels. ?

Mais ai-je jamais refusé de donner une conférences à des étudiants ? En l’occurrence il s’agissait de rejoindre par Milan l’Université de la suisse italienne qui bénéficie d’un certain bonheur du sort grâce à la dotation technologique qui lui a été faite par une dame fortunée qui souhaitait voir l’aboutissement concret de son don avant de mourir, ce qui a bien évidemment accéléré les travaux, compte tenu de son âge. 

Le master en tourisme international qui a été créé là marche sur deux jambes : l’économie et la communication, ce qui fait qu’il boîte un peu car les muscles des deux appuis sont de grosseurs différentes et que les deux hémisphères du cerveau qui les commandent ont tendance à ouvrir le chemin dans des directions peu compatibles.

J’ai en tout cas aimé que l’idée vienne du professeur Visentin, un spécialiste de la littérature de voyage.L’invitation qui m’était faite d’y présenter en quelque sorte les rapports entre les itinéraires culturels et le patrimoine européen n’était pour moi qu’un prétexte à un historique un peu long doublé de quelques études de cas un peubrefs. Mais au cours de telles réunions, il peut y avoir pour les étudiants des portes qui s’ouvrent sans bruits !

Parler de tourisme devant ce spectacle que je n’ai pu que qualifier de somptueux lorsque j’ai ouvert la fenêtre de ma chambre sur le Monte San Salvadore et sur les rides légères qui semblaient se transmettre de la piscine à l’eau alpine, ne peut se faire sans la nostalgie de l’enfance. Mes parents aimaient en effet ces lacs alpins au point de finir par faire construire à Evian un belvédèrequi puisse leur restituer quotidiennement les décors de l’Eden auquel ils aspiraient. 

Mais l’épisode fondamental de l’histoire du tourisme qui s’est joué ici tient également au fait que la situationde Lugano est celle d’une riviera suisse, qui a bénéficié, à l’égal du lac de Côme ou du lac Majeur, de l’implantation d’hôtels dont la distinction sied parfaitement encore aujourd’hui à une bourgeoisie venue du Nord ou du Centre du pays, là où les lacs jurassiens et alpins, comme le lac de Genève, apportent le calme et le repos, mais certainement pas cet environnement iconique d’une Italie de Grand Tour.

Un environnement où les palmiers marquent les rives, tandis que les cèdres miment la nonchalance de leurs propriétaires, dont les villas sont aujourd’hui parfois transformées en musée, telle la Fondation Brignoni installée dans un référent du Petit Trianon de Versailles construit dans les années trente et qui réunit une collection d’ethnographie mondiale de première importance. 

Le lac de Lugano, surtout lorsqu’on le découvre du Monte Bré, après un parcours de quelques dizaines de minutes dans un funiculaire plutôt cinématographique, se déploie en effet comme s’il avait été inventé par un écrivain qui aurait souhaité amener ses personnages – un couple en voyage de noces, par exemple -là où ils se suicideraient d’un commun accord, après avoir absorbé un trop plein de clichés. 

Le roman pourrait commencer par :

« …à vol d’oiseau on pouvait distinguer dans une brume légère et bleutée, derrière les genêts et les épineux fleuris du printemps, le casino où ils se rendraient dans la soirée pour admirer la tenue de Mademoiselle G., fille adoptive du roi du Monténégro, dont l’attirance pour le folklore balkanique lui valait l’admiration des plus grands couturiers auxquels son corps, comme les dessins authentiques qu’elle leur apportait régulièrement, procuraient des sources d’inspiration qui rencontraient de plus en plus de succès dans la capitale française.

- Ma chérie, je laisse le champagne rafraîchir encore un peu et je le fais porter au sommet. J’imagine que tu aimerais que nous montions en haut du belvédère quand il aura atteint la température parfaite… »

En tout cas j’aurai assisté à un beau film, très chic et par très beau temps.

J’étais de toute manière trop occupé, au cours de ce séjour et appelé au plus vite par d’autres activités européennes, ce qui m’aura, au contraire de ces jeunes gens dont je n’ai pourant pas le loisir de suivre plus loin la vie privilégiée et tragique, protégé du suicide.

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